Malgré les vents contraires, Swatch Group garde le cap. En 2016, ses ventes ont reculé de 10,6% (7,55 milliards de francs), son bénéfice net s’est effondré de 47% (593 millions) et sa marge opérationnelle est tombée à 10,7% (-44,5%).

Qu'importe, cela ne change rien. «Swatch Group maintient inchangée sa stratégie industrielle axée sur le long terme», répète le groupe biennois dès la première ligne du communiqué de presse publié jeudi.

Dès lors, si environ 600 emplois ont été perdus sur l’année (total: 35’700), il ne s’agit que «fluctuations naturelles» et en aucun cas de mesures de restructuration, assure le groupe. Il répète qu’il maintient les places de travail, ce qui lui permet d’ailleurs de réagir «de manière rapide et flexible à la demande qui est de nouveau croissante».

Moins bons que prévu

Si la communauté financière attendait des résultats en recul – en 2016, les exportations suisses de montres ont chuté de 9,9% – ces derniers sont toutefois encore un brin moins bons que prévus. Mardi, l’agence AWP avait récolté les avis de 17 analystes et le consensus pointait vers un chiffre d’affaires situé entre 7,7 et 8,4 milliards et un bénéfice net entre 666 millions et 1,1 milliard.

Dans une note publiée jeudi matin, l’analyste de la banque Vontobel René Weber fait remarquer qu’à 10,7%, il s’agit de la marge la plus basse depuis 1997. Il regrette aussi la maîtrise des coûts. «Les dépenses liées au personnel sont en recul de 2% mais les autres dépenses sont en hausse de 3%, ce qui implique des mesures de restrictions des coûts limités.»

Les taux de changes pointés du doigt

Les raisons de cette baisse sont multiples. Les taux de change défavorables (essentiellement le franc fort) ont causé beaucoup de tort au groupe. Ce dernier a d’ailleurs réalisé un calcul: sur la base des taux de change de 2010, il a subi un manque à gagner cumulé de 5 milliards de francs chiffre d‘affaires de 2011 à fin 2016.

Le recul du tourisme dans certains pays européens dû aux «terribles attentats terroristes» ainsi que l’entrée en vigueur de nouvelles dispositions légales – Swatch Group ne précise pas lesquelles — ont provoqué de «brusques reports régionaux».

Et si la croissance a atteint deux chiffres en Grande-Bretagne suite à l’annonce du futur Brexit et à la dévaluation de la livre sterling, la marge a été amoindrie en raison, de nouveau, des effets de change.

«Panique» des marques tierces

Le groupe relève enfin que ses forces de productions ont connu «un taux d’utilisation nettement plus bas que lors de l’exercice précédent». Cela s’explique car, selon Swatch Group, «de nombreuses marques tierces ont paniqué face à la baisse de la demande et ont diminué massivement leurs commandes de mouvements et de composants. Les propres marques du groupe n’ont pas pu compenser cette baisse», regrette-t-on à Bienne.

Conséquence de ces résultats en recul, les actionnaires seront moins bien rétribués. Le dividende proposé par le conseil d’administration est en recul de 75 centimes à 6,75 francs par action au porteur et de 15 centimes à 1,50 franc par action nominative. Personne ne sera étonné car Nick Hayek le répète volontiers: il vend des montres, pas des actions.

Optimisme de mise pour 2017

En ce qui concerne l’année en cours, Swatch Group se veut optimiste. L’exercice «promet une croissance saine en monnaies locales», prédit le groupe dirigé par Nick Hayek.

«L’appétit de consommation et le potentiel pour les montres suisses demeurent à un niveau toujours très élevé», estime le groupe, qui relève que, ces derniers mois, l’évolution des ventes est en hausse en Asie et au Moyen-Orient y compris pour les marques de luxe.


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