Ambiance vintage chez Zenith. Devant son stand à la foire de Bâle, la marque horlogère en mains du groupe LVMH exhibe une Triumph clinquante. A l’intérieur, des barbiers rasent ceux qui le veulent à l’ancienne. On peut aussi se faire cirer ses chaussures. «Les hipsters sont une bonne clientèle, attaque Aldo Magada, patron de la maison locloise. Parce qu’ils ne veulent pas d’un produit qui n’a pas de signification.»

Depuis qu’il est arrivé chez Zenith au printemps 2014 – en remplacement de Jean-Frédéric Dufour appelé, lui, à la tête de Rolex – Aldo Magada pense beaucoup à la signification des produits. «La seule chose à faire pour Zenith, c’est revenir sur nos bases. Nous réalisons entre 80 et 85% de nos ventes sur sept ou huit calibres. Et l’année dernière, nous en fabriquions 34, cela n’avait plus de sens», explique cet ancien d’Omega, Breitling ou encore Piaget. Il insiste: «Nous ne sommes pas là pour doper la production de nouveaux mouvements. Nous sommes là pour vendre des montres». Décision a donc été prise de recentrer la collection sur quelques modèles.

Par exemple sur le mouvement Elite ou surtout «El Primero». Ce dernier, baptisé ainsi parce qu’il était, en 1969, le premier chronographe à remontage automatique, a largement contribué à consolider la réputation de la marque. Il y a également de nouveaux projets, «que ce soit en termes d’esthétique ou en termes de technique», qui seront présentés l’année prochaine. Durant le début du salon, Jean-Claude Biver, président du pôle horloger de LVMH, a même laissé entendre que la marque pourrait se tourner vers des montres qui seraient équipées de fonctions intelligentes. «Nous pensons en effet à des objets connectés, mais cette connexion devra toujours avoir un sens par rapport à la fonction», précise Aldo Magada.

On l’a compris, le chantier ne fait que commencer. Pour accompagner ces transformations, en 2016, Zenith devra également réorganiser sa manufacture. «Nous devons adapter notre instrument de production à la nouvelle mission», reconnaît-il. Aujourd’hui, la marque emploie au total 300 personnes dont environ 210 en Suisse. Cette refonte pourrait-elle passer par une diminution de ses effectifs? Aldo Magada: «Nous devons mener cette étude à bien. Cela ne signifie pas forcément des licenciements mais pourrait se faire par transfert… Nous sommes dans un groupe et nos voisins [ndlr: par exemple Tag Heuer à La Chaux-de-Fonds ou Bulgari à Neuchâtel] pourraient être intéressés par certains de nos compétences.»

Malgré cette réorganisation, Aldo Magada ne se dit tout de même pas serein pour l’exercice à venir. «C’est difficile en Chine, mais pas seulement. La consommation ne repart pas aux Etats-Unis comme on le voulait», regrette-t-il. Au final, les estimations de la banque Vontobel sur son chiffre d’affaires (160 millions d’euros pour 35 000 pièces vendues en 2014) sont qualifiées de «trop élevées», mais il n’en dira pas plus.