Blanchiment
Le premier Ministre britannique profit du sommet anti-corruption de Londres pour lancer une chasse à l'argent sale placé dans l'immobilier au Royaume-Uni

Les propriétaires fonciers vont devoir se montrer. A l’occasion du sommet anti-corruption à Londres, jeudi, David Cameron annoncé un paquet de mesures inédites pour lutter contre l’argent sale placé dans l’immobilier au Royaume-Uni.
Quelques heures avant l’ouverture de ce sommet, qui réunit entre autres le secrétaire d’État américain John Kerry et la directrice générale du FMI Christine Lagarde, le Premier Ministre britannique a pris les devants. «Les entreprises étrangères qui possèdent ou veulent acheter un bien devront désormais révéler le nom du véritable propriétaire», selon les services de presse de Downing Street.
44 000 logements londoniens concernés
La mesure vise avant tout les quelque 100 000 logements en Angleterre et au Pays de Galles, dont 44 000 à Londres, selon les chiffres officiels, qui sont détenus par des sociétés offshore sans qu’on connaisse l’identité réelle de leur bénéficiaire. Sans être illégale, la pratique a transformé l’immobilier londonien en «refuge pour l’argent volé du monde entier», selon les termes employés par Transparency International.
Entre 2004 et 2014, des biens immobiliers d’une valeur totale de 180 millions de livres (environ 250 millions de francs) ont été visés par des enquêtes de la police pour corruption. Mais Transparency International estime qu’il ne s’agit là que «de la partie émergée de l’iceberg».
Concrètement, le gouvernement britannique veut mettre en place un registre pour les entreprises étrangères. Objectif: «Que les individus et les pays corrompus ne soient plus en mesure de faire transiter, de blanchir et de cacher de l’argent sale à travers le marché immobilier londonien». Robert Palmer, de l’ONG Global Witness, a applaudi cette annonce avant d'ajouter que «la plus grande pièce du puzzle manque toujours: que les paradis fiscaux montrent patte blanche».
Echange automatique
Soumis à la pression internationale, en raison d’un certain laisser-faire, Londres a aussi annoncé jeudi la mise en place d’un échange automatique d’informations sur les registres avec certains de ses territoires outre-mer et des dépendances de la Couronne, sans préciser lesquels. La création d’un centre international d’enquête anti-corruption basé à Londres a aussi été prévue.
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