De plus, la hausse des taux a rendu l’achat nettement moins intéressant financièrement, si bien que l’offre a finalement été abandonnée. Conclusion, le modèle est moins adapté aux biens de luxe et l’accent sera mis désormais sur des PPE à prix abordables. Une nouvelle offre a été lancée jeudi: le projet CityLaQcomprend deux immeubles à Yverdon-les-Bains, de chacun dix appartements, de 2,5 et 3,5 pièces, à dix minutes à pied de la gare.
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Tirage au sort
QoQa bénéficie à nouveau de l’expertise de la société de placements immobiliers Fundim. Le projet a été développé par la firme R-éal Suisse, qui s’occupe du courtage et qui reste le propriétaire du terrain. Quant au financement, il est assuré par la Banque Migros. Les intéressés pourront, par exemple, acquérir un 3,5 pièces pour 525 000 francs, contre un montant de 750 000 francs en propriété classique. La vente est prévue le 19 janvier. Seuls dix candidats seront sélectionnés par lot. Un tirage au sort sera ensuite organisé une fois leur éligibilité assurée.
Entre la pénurie d’offre et des prix qui restent élevés, devenir propriétaire en Suisse est de plus en plus difficile. Dans le canton de Vaud, seuls 17% des salariés sont en mesure d’acquérir un appartement valant 800 000 francs, soulignaient QoQa et Fundim au moment de l’annonce de leur collaboration. En dissociant le terrain du bâti, le coût d’acquisition d’un logement peut diminuer jusqu’à 50%.
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Le modèle du droit de superficie était jusqu’ici l’apanage des communes. Le concept est hybride puisque l’acquéreur est uniquement propriétaire de l’appartement. Le terrain est mis à disposition par un partenaire financier, qui en est propriétaire, puis loué sous forme de rente aux copropriétaires. Dans l’offre de QoQa, le propriétaire du terrain cède aux acquéreurs un droit de 99 ans contre un loyer de 3,25% annuel. Après 99 ans, si le détenteur du foncier ne souhaite pas prolonger, il s’engage à racheter l’appartement au prix du marché.
Un modèle à expliquer
Un site comme QoQa est-il adapté à l’achat d’une propriété, souvent considérée comme la décision d’une vie? Pascal Meyer en est convaincu. «Le droit distinct de propriété est un modèle qui peut avoir de l’avenir, mais il faut bien l’expliquer aux futurs acquéreurs. Comprendre le mécanisme n’est pas forcément évident pour tout le monde», relève Vincent Clapasson, directeur du cabinet de conseil immobilier Wüest Partner. Les partenaires du projet en sont conscients. Une séance d’information sera organisée au siège de QoQa à Bussigny (VD) afin de permettre aux personnes inscrites de poser toutes leurs questions.
La hausse des taux d’intérêt est un autre écueil. «Les conditions de financement se sont péjorées depuis une année», note Vincent Clapasson. De plus, le modèle nécessite «un subtil jeu d’équilibre financier» entre la valeur du bâti et celle du terrain pour que chacun soit gagnant, fait-il remarquer. Enfin, les Suisses semblent attachés à la pleine propriété et connaissent encore mal ces modèles hybrides.
«Les précédents projets de QoQa ont fait couler beaucoup d’encre. Il faut que des promoteurs osent se lancer dans l’aventure, souligne Roxane Rubin, associée de R-éal Suisse. Ce modèle de vente s’inscrit plus dans une vision patrimoniale qu’une PPE traditionnelle.» Le volume de transactions en droit de superficie pourrait «s’accélérer une fois que des investisseurs institutionnels seront prêts à acquérir le terrain dans une perspective de placement à long terme», note pour sa part Tatyana Kobler, directrice Business Development chez Fundim. QoQa entend lancer d’autres projets semblables dans le courant de l’année.