Yves Bouvier imagine son avenir dans les Ports francs
Reconversion
Le Genevois a vendu son entreprise Natural Le Coultre au Parisien André Chenue. Ses ennuis judiciaires l’ont aussi contraint de mettre en berne ses activités de marchand d’art

Yves Bouvier vient de céder, pour un montant confidentiel, sa société d’entreposage et de transport d’œuvres d’art Natural Le Coultre (NLC) à la société familiale André Chenue. Essentiellement pour des raisons patrimoniales. «La décision de vendre a été prise il y a déjà plusieurs années, assure le roi des Ports francs. Pour la pérennité de la société, des employés et des clients, n’étant pas marié et n’ayant pas d’enfant ou successeur dans l’entreprise.»
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Le marchand d’art genevois est depuis deux ans en conflit avec l’homme d’affaires russe Dmitri Rybolovlev, 166e fortune mondiale et président du club de football de la Principauté de Monaco. Le différend qui les oppose porte sur la vente de 37 tableaux de maîtres. Un litige qui a fait à ce jour l’objet de plusieurs procédures devant les tribunaux de différents pays.
Ce contexte aurait précipité la vente de NLC, dont les activités ont souffert de la médiatisation des démêlés judiciaires visant son propriétaire. A en croire plusieurs sources, le recul des ventes aurait atteint un pourcentage à deux chiffres.
Vente d’art stoppée nette
Yves Bouvier est également soupçonné d’avoir soustrait quelque 165 millions de francs d’impôts en Suisse. L’enquête en cours a-t-elle également joué un rôle dans la reprise de NLC par le Parisien André Chenue? L’Administration fédérale des contributions a séquestré à titre préventif le parc immobilier appartenant au marchand d’art international, lequel conteste la position de l’administration fiscale. «Quoi qu’il en soit, les sociétés logistiques de NLC ne font l’objet d’absolument aucune saisie», souligne Yves Bouvier, en précisant être sorti il y a dix ans de l’exploitation – stricto sensu – de NLC.
Seule certitude: les accusations de l’oligarque russe Dmitri Rybolovlev à l’encontre d’Yves Bouvier ont sérieusement entaché la réputation de ce dernier. «Depuis lors, mes activités dans le commerce de l’art sont au point mort, déplore le Genevois. J’entends dorénavant me concentrer exclusivement sur les Ports francs.»
Réorientation professionnelle
Yves Bouvier est déjà actionnaire majoritaire de zones ultramodernes, soumises au contrôle des douanes, au Luxembourg et à Singapour. Il a aussi contribué à mettre en place une structure similaire à Shanghai. «Je compte en développer encore deux ou trois autres en Asie», indique-t-il.
Peut-on parler de reconversion totale? Hormis plusieurs immeubles en Suisse, Yves Bouvier a toujours utilisé les Ports francs pour entreposer une partie des œuvres d’art acquises. Les sites en question, notamment ceux du Luxembourg et de Singapour, seraient totalement hermétiques à ce qui se passe à Genève. S’agissant principalement d’activités de promotion immobilière, leur gestion n’aurait rien à voir avec le commerce de tableaux dont Yves Bouvier souhaite désormais se détourner.