Coronavirus
L’ancien président de la Banque nationale suisse se veut confiant, soulignant que les capacités de production sont intactes et que les autorités sont prêtes à faire, selon la formule de Mario Draghi, «whatever it takes»

Jean-Pierre Roth, 73 ans, a traversé de nombreuses crises économiques et financières. Il a d’ailleurs été président de la direction générale de la Banque nationale suisse de 2001 à la fin de 2009, soit durant la crise financière. Joint par téléphone, il exprime son opinion sur la chute des marchés financiers.
Le Temps: A quelle crise financière se rapproche le plus celle d’aujourd’hui?
Jean-Pierre Roth: La baisse des bourses cette année rappelle le krach d’octobre 1987, quand l’indice Dow Jones avait perdu 22,6% en une seule séance pour tomber à moins de 2000 points. L’observation des courbes des indices boursiers à long terme souligne à quel point les cours se sont repris par la suite. Le même indice se traite juste en dessous de 20 000 points jeudi soir.
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On se laisse impressionner par une chute des cours de quelques jours, mais on ignore la formidable capacité de récupération des marchés. La production économique s’est fortement ralentie cet hiver, mais les capacités de production sont demeurées intactes et prêtes à profiter d’une reprise ultérieure.
Est-ce que l’arrêt de l’économie ne va pas obliger de nombreuses entreprises et commerces à se déclarer en faillite?
Chacun se rappelle les mots de Mario Draghi, lorsqu’il était président de la BCE et qu’il a annoncé qu’il ferait tout ce qu’il faudra (whatever it takes) pour sauver l’euro. Les autorités feront à coup sûr tout ce qu’il faudra pour aider les entreprises à surmonter ce défi. Le système économique demeure intact.
De nombreux économistes entrevoient des effets structurels à cette crise, tels que la fin de la globalisation. Qu’en pensez-vous?
Je ne partage pas cette opinion. Le marché est plus intégré que jamais, technologiquement et humainement. Ce sont les mesures de gestion des risques qui pourraient être améliorées pour prendre en compte les leçons à tirer d’une crise sanitaire telle qu’une pandémie.
Les fermetures d’innombrables commerçants et PME pourront-elles être empêchées?
Les gouvernements montrent qu’ils ont fermement l’intention d’empêcher ces fermetures et d’alléger les charges des entreprises de tous les secteurs. Il leur appartient de faire preuve d’imagination et de présenter des solutions adaptées et flexibles, par exemple sur le plan fiscal ou l’allègement des charges. La volonté est très forte de leur part pour empêcher qu’une crise sanitaire ne se transforme en crise économique.
Est-ce que la coopération internationale n’a pas diminué, par rapport aux années 1980 ou 1990, pour résoudre cette crise?
Non, l’action des banques centrales est parfaitement coordonnée, comme d’habitude. Il appartient à chaque gouvernement de réagir en fonction de la situation locale et de choisir les instruments adéquats pour empêcher une crise économique.
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