Le Temps: Le Conseil fédéral s’attaque aux bonus des dirigeants. Etes-vous satisfait?I

Thomas Minder:P as du tout. C’est la plus mauvaise solution pour règler le problème.

– Pourquoi?

– Je suis opposé à toute intervention de l’Etat dans l’économie privée. Le problème de la folle dérive des dirigeants de grandes entreprises cotées à la bourse doit être réglé en renforçant le pouvoir des actionnaires. C’est ce que prévoit mon initiative populaire.

– Taxer les bonus, n’est-ce pas pourtant un excellent moyen de prévention?

– Cette solution n’est vraiment pas la bonne. Elle prive les actionnaires d’une partie du bénéfice de l’entreprise qui doit leur revenir sous forme de dividendes.

– Le Conseil fédéral lie indirectement le dossier des salaires excessifs à celui de l’accord fiscal avec les Etats-Unis. N’est-ce pas politiquement habile?

– J’en ai par dessus la tête de ces arrangements politiques et de ces politiciens qui changent constamment d’avis. En multipliant les contre-projets directs ou indirects à mon initiative, les partis ont créé la confusion. Ils ont préparé un petit birchermuesli. Maintenant, avec la proposition du Conseil fédéral, on se trouve face à un immense birchermuesli.

– En parlant de confusion, on ne peut pas dire que votre initiative est simple à comprendre et à appliquer...

– C’est vrai, le texte est très complexe. Pour une bonne raison: il faut absolument règler tous les détails afin d’éviter le contournement, par les dirigeants des entreprises, des dispositions légales prévues.

– Pourquoi vous méfiez-vous des dirigeants?

– La longue liste et la diversité des abus, qui vont du parachute doré ou de l’enveloppe de départ, aux mandats de conseiller, en passant par les plans de bonus et de participation aux bénéfices, montre qu’avec eux, si on ferme à double tour la porte des rémunérations excessives, elles reviennent par la fenêtre. Il faut donc soigneusement fermer toutes les fenêtres.

Retrouvez la totalité de cet entretien dans l’édition du Temps datée du 8 mai