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Avec Jens Alder, UBS rajeunit son conseil d'administration

Après avoir fait appel à Ernesto Bertarelli, le patron de Serono, UBS offre au patron de Swisscom son premier mandat d'administrateur d'une société cotée au SMI. Le vice-président de la banque, Markus Kündig, qui a collectionné les mandats, quitte pour sa part le conseil.

Avec la crise de Swissair en toile de fond, l'année écoulée a été l'une des plus tumultueuses pour nombre de grandes entreprises helvétiques. Les tensions apparues entre les dirigeants et les actionnaires n'ont pas manqué de se déployer lors des assemblées générales. L'année 2002 promet d'ailleurs, elle aussi, d'être animée. A cette différence près que certaines entreprises prennent les devants et s'emploient à remplacer leur vieille garde d'administrateurs contestés. Après avoir annoncé en décembre son intention de proposer Ernesto Bertarelli, le patron de la biotech genevoise Serono, pour siéger à son conseil d'administration, UBS a sorti une nouvelle carte de sa manche vendredi en proposant comme nouvel administrateur Jens Alder (44 ans), le patron de Swisscom.

Contrairement à bien d'autres opérateurs télécoms, Swisscom a eu la prudence de ne pas mettre sa situation financière en péril par l'achat de licences UMTS ou d'autres acquisitions ruineuses. Et c'est cette sagesse bienvenue qui vaut certainement aujourd'hui à Jens Alder d'être sollicité par UBS. D'autant que le patron de Swisscom n'est pas encore très occupé de ce côté-là puisqu'il ne siège qu'au conseil de surveillance de Debitel, la filiale allemande de Swisscom. Même s'il fait aussi partie de la task force dévolue à la nouvelle compagnie aérienne suisse. C'est le 18 avril prochain que les actionnaires de UBS devront se prononcer sur ce renouvellement. Ce sang neuf au conseil d'administration masquera difficilement la déception causée – chez les actionnaires de UBS, surtout à l'étranger – par le départ précipité en décembre de Luqman Arnold, son responsable opérationnel pendant moins d'une année.

Dans le communiqué diffusé vendredi, UBS fait part par ailleurs du départ du conseil d'administration de son vice-président Markus Kündig. L'ancien conseiller d'Etat zougois faisait figure de collectionneur de mandats puisqu'il est aussi administrateur de Clariant, de Metallwarenholding Zug, de Pelikan et de bien d'autres sociétés non cotées. Et les collectionneurs de mandats d'administrateurs se sont souvent trouvés sur la sellette l'an dernier. Ce n'est pourtant pas là qu'il faut voir la raison du départ de Markus Kündig. Agé de 70 ans, ce dernier atteint simplement la limite d'âge fixée par les statuts.

Les assemblées générales d'actionnaires agendées à partir du mois de mars vont placer plusieurs groupes en position de soigner leur gouvernance d'entreprise, autrement dit à concilier les intérêts de leurs actionnaires, de leurs dirigeants et de leurs employés. D'autant que l'année 2002 devrait être marquée en Suisse par la promulgation de deux documents clés en la matière, même si ceux-ci ne sont pas contraignants. Une version définitive de la «Directive sur les informations relatives à la gouvernance d'entreprise» devrait en effet être publiée cette année par la Bourse suisse. De son côté, economiesuisse prévoit de diffuser le premier «Code de bonne pratique» en matière de gouvernance d'entreprise, élaboré par un groupe d'experts emmenés par le professeur bâlois Peter Böckli.

Il est d'ores et déjà certain que la question des dirigeants figurera au cœur des discussions de plusieurs assemblées d'actionnaires. A la SGS (Société Générale de Surveillance), c'est notamment le successeur de Max D. Amstutz, le président du conseil atteint par la limite d'âge, qui doit être trouvé avant l'assemblée générale du 2 mai. Une succession qui fait bien sûr l'objet de vives spéculations. Le nouveau responsable sera en effet confronté à une tâche difficile alors que les analystes ne s'attendent pas à une nette amélioration cette année. Si Sergio Marchione, le responsable opérationnel de Lonza, a pu faire figure de successeur possible, cette éventualité semble maintenant écartée par Max Amstutz. «Il ne s'agit pas de l'un des successeurs possibles mentionnés par la presse», aurait lâché le président en exercice, ainsi que le précise le magazine Cash.

ZFS au cœur des critiques

Enfin, le groupe d'assurances Zurich Financial Services (ZFS) fait figure de contre-exemple type en matière de gouvernement d'entreprise. Après plusieurs avertissements sur ses bénéfices, ZFS devrait essuyer une perte nette de plusieurs centaines de millions de francs au titre de l'exercice 2001. Sans que son patron contesté, Rolf Hüppi, ne consente à se défaire de ses responsabilités opérationnelles, puisqu'il occupe aussi la présidence du conseil d'administration. Une double casquette qui a pour effet de cristalliser les critiques. Vendredi, ZFS a par ailleurs annoncé la nomination de Axel P. Lehman (42 ans) à la tête de sa division Europe continentale, en lieu et place de Peter Eckert, longtemps responsable des affaires suisses.