Banque centrale
Le président américain devrait donner un second mandat à Jerome Powell. Sauf s’il se décide pour Lael Brainard, plus proche des démocrates et partisane d’une réglementation bancaire plus stricte

Joe Biden a promis la semaine dernière une décision «assez rapide». En réalité, cela fait plusieurs mois qu’un doute plane sur la reconduction de Jerome Powell à la tête de la Réserve fédérale américaine (Fed). D’après Politico, le président américain devrait annoncer d’ici à Thanksgiving – donc le 25 novembre – s’il donne un second mandat au banquier central choisi il y a quatre ans par Donald Trump et dont la mission s’achèverait sinon en février prochain.
Les présidents de la banque centrale effectuent généralement deux mandats de quatre ans, mais Donald Trump avait ignoré la coutume et nommé Jerome Powell à la place de Janet Yellen, dont il avait été un fervent critique, notamment en raison de la politique des taux d’intérêt bas. Le choix du président doit être validé par le Sénat.
Nouveau gouffre?
Républicain, Jerome Powell a mené une politique monétaire particulière accommodante qui aurait tendance à déplaire davantage à son propre parti qu’aux démocrates. Mais dans les rangs de ces derniers, les critiques portent surtout sur le relâchement des règles imposées aux banques depuis la crise financière. Certains souhaitent voir apparaître à la tête de la banque centrale un profil plus préoccupé par les questions de répartition des richesses et par les risques que la crise climatique pose pour l’économie. Jerome Powell et plusieurs gouverneurs ont par ailleurs été mis en cause pour des transactions boursières, ce qui doit conduire l’institution à revoir ses règles en la matière.
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Porte-voix des opposants, la sénatrice Elizabeth Warren considère l’actuel numéro un comme un «homme dangereux» pour diriger la Fed. Il y a un mois, lors de l’audition de Jerome Powell au Sénat, elle n’a pas mâché ses mots: «Vous renommer signifie prendre le pari qu’au cours des cinq prochaines années, une majorité républicaine à la Réserve fédérale, avec un président républicain qui a régulièrement voté pour déréguler Wall Street, ne va pas à nouveau conduire cette économie au bord d’un gouffre financier.»
Départ clé
Jerome Powell n’est d’ailleurs pas seul en lice. La semaine dernière, Joe Biden avait affirmé avoir «beaucoup de bons» candidats. Bloomberg révélait d’ailleurs lundi soir que le président américain avait auditionné Lael Brainard jeudi dernier pour la même fonction. Or, le nom de celle qui est également membre du conseil des gouverneurs de l’institution est le seul qui circule. Unique démocrate de cette instance, cette économiste de 59 ans est notamment connue pour ses positions dures face aux grandes banques.
Entrée à la Fed en 2014, son mandat court jusqu’en 2026. Sous-secrétaire du Trésor pendant les années 2010 à 2013, elle a aussi fait partie des conseillers économiques de Bill Clinton et a été membre du Conseil de stabilité financière (FSB) dont le siège est à Bâle. Née en Allemagne d’un père diplomate, elle a enseigné à la Brookings Institution et au MIT entre autres et travaillé pour McKinsey.
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Joe Biden doit également trouver un remplaçant pour un membre du conseil qui a annoncé sa démission lundi soir. Randal Quarles est arrivé au bout de son mandat de vice-président chargé de la régulation bancaire le mois dernier et devait rester membre du conseil des gouverneurs jusqu’en 2032. C’est d’ailleurs l’issue jugée la plus probable: le président américain pourrait décider de garder Jerome Powell à la tête de la Fed, tout en promouvant Lael Brainard à la fonction de Randal Quarles.
Elle trancherait avec cet ancien avocat de Wall Street, jugé un peu trop proche des banques et qui a largement contribué à assouplir les règles qui leur ont été imposées après la crise financière, notamment dans le négoce pour compte propre.