«Il faut encourager la prise de risques en Suisse»

Le Temps: Qu’est-ce qui vous a marqué le plus lors de votre visite de la Silicon Valley?

Johann Schneider-Ammann : Beaucoup de choses! Je pourrais citer Google. J’ai eu la chance de visiter leur centre de Mountain View et de m’entretenir avec le Suisse Urs Hölzle, l’un des tout premiers employés de la société. Ce que cette société a réalisé en dix-sept ans est incroyable. Désormais, elle se donne par exemple six semaines pour intégrer une entreprise qu’elle rachète, ce qui est très impressionnant. La question du timing est capitale pour qu’un projet réussisse.

– Y a-t-il des recettes de la Silicon Valley à importer en Suisse?

– Nous avons tout pour bien faire en Suisse et sommes numéro un dans plusieurs classements. Notamment via la qualité de nos hautes écoles et universités. Mais nous devons tout de même nous améliorer. Nous pourrions sans doute intensifier les contacts entre elles et les établissements situés en Californie. A Stanford, que j’ai visitée, les professeurs insistent beaucoup sur le travail en équipe et l’ouverture d’esprit. Ce sont des valeurs capitales. Et il faut établir une mentalité qui encourage la prise de risques. La Suisse ne doit pas s’endormir sur ses succès et continuer à innover.

– Des entrepreneurs ont loué la facilité avec laquelle ils ont pu créer leur entreprise dans la Silicon Valley. La Suisse pourrait-elle améliorer ses conditions-cadres dans ce domaine?

– Mais j’y travaille. Je soutiens totalement les projets d’e-government – avec par exemple un guichet unique pour les PME – et l’amélioration du fonctionnement de l’administration. Le Conseil national a cependant récemment diminué le budget des projets d’e-government. Mais j’ai bon espoir de faire inverser la tendance via la commission du Conseil des Etats. Je vais continuer à me battre lors de la session d’automne.

– Un autre problème est le financement des start-up en Suisse. L’Etat pourrait-il jouer un rôle dans ce domaine?

– L’Etat n’a pas vocation à financer des start-up. Mais des instruments parallèles efficaces existent déjà. La Commission pour la technologie et l’innovation rembourse ainsi aux universités une partie de l’argent qu’elles avancent aux start-up, ce qui soutient indirectement leur financement.

– Quid de l’idée d’un fonds souverain de soutien aux start-up…?

– Je ne suis pas favorable à cette idée. Il y a déjà plusieurs organismes qui les financent. Les banques soutiennent les PME et les start-up innovantes parviennent à se financer par plusieurs canaux. Ce qui est fondamental, c’est l’esprit d’initiative.