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L’actuel rédacteur en chef Cédric Jotterand annonce qu’il rachète l’hebdomadaire vaudois détenu jusqu’ici par Tamedia à compter du 1er novembre

Dès le 1er novembre, Cédric Jotterand, rédacteur en chef du Journal de Morges depuis 2007, assumera également la fonction de directeur. Agé 42 ans, il s’est entouré d’une dizaine de partenaires pour racheter l’hebdomadaire du district vaudois détenu jusqu’ici par Tamedia Publications romandes. Le montant de la transaction n’est pas connu. Le titre compte actuellement 5600 abonnés.
Le Temps: Racheter un journal dans le contexte actuel peut sembler risqué, qu’est-ce qui a motivé votre décision?
Cédric Jotterand: Je crois en l’utilité d’une presse locale de proximité. Devenir indépendant est un peu l’aboutissement de mon engagement pour le Journal de Morges. C’est un pari, mais un pari raisonnable. Le titre est rentable depuis quatre ans et possède sa propre régie publicitaire depuis cinq ans. L’envie se faisait sentir depuis plusieurs mois, mais il fallait réunir les fonds nécessaires. Une dizaine de personnes m’ont apporté un appui financier. Ajouté à mes économies propres, cela a suffi pour racheter une majorité à Tamedia. Le reste doit être assumé sur cinq ans.
- Qu’est-ce qui va changer en devenant indépendant?
- Il y a bien sûr des avantages, mais aussi des inconvénients. Voler de ses propres ailes, cela signifie endosser davantage de responsabilités et, inévitablement, prendre un risque financier. Si la liberté rédactionnelle était déjà totale chez Tamedia, c’est surtout en termes administratifs et techniques que l’indépendance va être profitable au journal. Nous allons pouvoir développer l’organisation qui convient le mieux à notre petite structure de quinze personnes. En termes financiers, le défi principal sera de maintenir le journal à l’équilibre en dégageant une marge raisonnable et réaliste. Le tout selon un modèle économique basé sur un tiers d’abonnements et deux tiers de publicités.
- A quoi ressemblera l’avenir du Journal de Morges?
- La structure actuelle et les emplois vont être conservés. Pour développer le journal, je mise sur la collaboration avec les entreprises et les communes dont certaines ont déjà promis un coup de pouce. La Ville de Morges devra d’ailleurs se prononcer sur un soutien financier début 2017. L’idée est de faire de la proximité un atout en devenant l’interlocuteur privilégié des PME et des annonceurs locaux. Le journal est intimement lié à la vie politique, associative, et au tissu économique de la région, l’utilité est donc mutuelle. Par ailleurs, je souhaite continuer à soutenir la relève: dix journalistes ont été formés en dix ans chez nous. En termes d’objectif, j’espère atteindre le nombre de 6 500 abonnés, en renforçant notre présence numérique. J’envisage par exemple de développer une édition web axée sur les résultats sportifs qui serait mise en ligne le mardi.
- Et celui de la presse locale?
- L’information de proximité conserve sa place dans le paysage médiatique suisse. Certes, les mauvaises nouvelles se sont enchaînées ces derniers temps, mais la réalité économique n’est pas plus difficile qu’il y a dix ans. Je suis d’avis que rien n’est jamais figé. Depuis que j’ai annoncé ma décision de rachat, je reçois des messages d’encouragement et de soutien. Preuve que tout le monde n’a pas cessé d’y croire.