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«Le Jurassien n'a pas compris l'importance du tourisme»

Le directeur de Jura Tourisme estime que cette branche peut amener plus à l'économie locale.

Le Temps: L'enquête que nous avons menée montre que l'offre hôtelière jurassienne est un peu vieillotte. En convenez-vous?

Philippe Flotiront: C'est assez juste. Le Jura compte environ 90 hôtels et nombreux sont ceux qui ont été construits il y a une cinquantaine d'années pour un tourisme d'affaires. Si certains hôteliers ont entretenu leurs établissements, force est de constater que certaines chambres ne répondent plus à la demande moderne. En fait, c'est comme quand vous et moi partons en vacances en Espagne ou en Grèce. Vous avez envie d'avoir une certaine offre, comme du fitness, ou un spa, et des activités organisées à partir de votre lieu de séjour. Dans le Jura, vous avez une chambre et un repas. Il faut changer cela.

  • L'offre environnante, en termes de loisirs par exemple, est-elle suffisante?

  • Nous pouvons toujours faire plus, mais l'offre existe bel et bien. Le problème, c'est de trouver des privés qui vivent de cette activité et qui amènent leur propre valeur ajoutée. Celle-ci n'est pas suffisante par rapport à la richesse existante. Prenez par exemple l'étang de la Gruyère. Des cars et des cars de touristes s'y arrêtent chaque année, sans pouvoir s'y désaltérer ou acheter un t-shirt.

  • Que peut faire Jura Tourisme pour redynamiser ce secteur hôtelier?

  • C'est une question que l'on se pose. Nous venons de créer deux groupes de travail à cet effet, qui se pencheront sur comment faire pour moderniser les structures hôtelières et comment faire pour trouver des partenaires. Certains groupes hôteliers s'intéressent à la région. Mais ils doivent avoir les reins solides pour venir dans le Jura, afin de développer une puissance marketing, d'entretenir les contacts avec les tour-opérateurs, etc.

  • Quels types de clients une chaîne attirerait-elle?

  • Pour l'instant, toute la clientèle de groupe passe à côté du Jura. Lorsqu'un car traverse la région, les touristes rechignent à se disperser dans plusieurs hôtels, ce qui est compréhensible.

  • L'arrivéed'un groupe pénaliserait-il les petits hôtels, souvent en mains familiales?

  • Non, il faut de tout pour qu'une région soit attractive. Mais cela nous permettrait d'accueillir enfin cette clientèle de groupe qui nous échappe.

  • Quant à la parahôtellerie, se développe-t-elle particulièrement (hébergement à la ferme, nuits en tipis, etc.)?

  • L'offre progresse plus par la qualité des hébergements proposés que par le nombre de nouveaux lits.

  • Jura Tourisme a vécu de nombreux tourments et a été fortement critiquée par le passé. Vous avez repris la direction de l'institution voilà une année, quel bilan tirez-vous?

  • Tout n'est pas parfait, mais la réorganisation, qui constituait la priorité cette année, dégage ses premiers effets positifs. Nous avons diminué le personnel dans les bureaux d'accueils et mis en place des schémas de fonctionnement, qui nous permettent par exemple de mieux gérer une réclamation. Nous avons également fait un grand effort du point de vue marketing.

  • Et votre prochain grand défi? - Nous devons faire comprendre que le tourisme a un vrai potentiel, en communiquant mieux avec les Jurassiens. Ceux-ci n'ont pas encore compris l'importance du tourisme, ni ce que la branche pouvait leur apporter.