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La justice italienne continue la chasse aux fonds de Parmalat cachés dans les banques

L'ex-patron veut mettre à disposition ses biens personnels dans la faillite de son groupe. Le commissaire chargé du redressement n'en veut pas

Pris de remords, Calisto Tanzi, l'ex-patron de Parmalat, veut mettre à disposition une partie de ses biens personnels – les activités touristiques de Parmatour, deux bateaux, son paquet d'actions – dans la procédure de faillite du groupe. Mais le commissaire, Enrico Bondi, chargé du redressement du géant italien de l'agroalimentaire a rejeté l'offre du fondateur du groupe. Il réclame à la place des informations sur les 10 milliards d'euros disparus. Il aurait déclaré dans la presse italienne que «les actionnaires de Parmalat en ont assez des gestes inutiles, y compris cette dernière offre d'actifs probablement sans valeur, avion privé ou yacht personnel. Des milliards d'euros manquent à l'appel et le moment est venu de répondre à une seule question: où est l'argent?» En attendant, Enrico Bondi a rendez-vous aujourd'hui et demain avec les grandes banques italiennes pour obtenir des liquidités et assurer la poursuite des activités du groupe. Il a besoin dans un premier temps de 50 à 100 millions d'euros.

De son côté, la justice italienne poursuit les interrogatoires. Deux des protagonistes de l'affaire, Gianpaolo Zini, ancien conseiller juridique de Parmalat, et Lorenzo Penca, ancien président de la société italienne d'audit Grant Thornton, ont été transférés samedi de la prison de Milan à celle de Parme. Elle a en outre saisi des documents jugés «intéressants» au cabinet new-yorkais de Gianpaolo Zini. Ceux-ci sont en route pour l'Italie. Les parquets de New York et Parme ont ouvert une enquête commune.

Une amende sévère

La Garde des Finances italienne a aussi saisi des documents lors d'une perquisition au siège de la Banca Del Monte. Son président Franco Gorreri, qui avait exercé dans le passé des responsabilités au sein du groupe Parmalat, a été placé sous enquête pour «concours à banqueroute frauduleuse». La justice italienne recherche toujours 250 millions d'euros qui auraient fini à Malte après avoir transité par les îles Caïmans sur un compte de la banque espagnole Banco Santander. La Garde des Finances souhaiterait entendre des dirigeants de cette banque, premier institut de crédit espagnol. D'autres grands banquiers pourraient être entendus, comme cela a déjà été le cas pour le président de la banque italienne SansPaolo Imi, Rainer Masera, entendu comme «personne informée des faits».

L'inspecteur de la Commission des opérations de Bourse américaine (SEC), Laurence West, venu en Italie pour collaborer avec la justice, a demandé «une amende sévère» contre Parmalat «qui peut atteindre au maximum le chiffre total volé aux investisseurs lors de la fraude (ndlr: soit 10 milliards d'euros)». «Les nouvelles règles fixées par la loi Sarbanes-Oxley nous donnent le pouvoir d'utiliser l'argent de l'amende pour dédommager partiellement les victimes de la fraude, à savoir les investisseurs de titres de la société incriminée», a précisé l'inspecteur.

Au stade actuel, la SEC a déposé contre Parmalat une plainte civile devant un tribunal de New York pour fraude boursière. Elle concerne l'unique offre de titres Parmalat faite en août 2003 jamais menée à terme.