Même si une liquidation de Credit Suisse eût été possible d’un point de vue juridique selon le principe «too big to fail», ce n’était «clairement pas le moment de faire des expériences» déclare Karin Keller-Sutter dans un entretien diffusé samedi par la Neue Zuercher Zeitung. «Dans la pratique, les dommages économiques […] seraient considérables».

La conseillère fédérale affirme en outre qu’aucune pression n’a été exercée sur la Suisse lors des négociations qui ont abouti au rachat de Credit Suisse par UBS. «Personne ne nous a poussés dans une direction».

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Quant à la séparation de l’entité suisse de Credit Suisse du reste du groupe et son maintien en tant que banque indépendante, comme le propose son parti, la PLR saint-galloise rejette l’idée. «Mettre en péril la reprise négociée avec de nouvelles conditions et l’altérer à ce stade serait très risqué, avec toutes les conséquences pour l’économie suisse et les marchés financiers internationaux», ajoute-t-elle. «Ce n’est pas beau - le Conseil fédéral a lui aussi dû passer par là - mais c’est la réalité».

Premières discussions le 15 mars

Karin Keller-Sutter repousse également les critiques, selon lesquelles les autorités de régulation seraient restées trop longtemps spectatrices dans la débâcle de Credit Suisse. La banque «a toujours respecté les exigences réglementaires en matière de capital et de liquidités», rappelle la ministre. Elle déclare ne pas s’être contentée de se fier aveuglément aux données, mais a informé l’ensemble du Conseil fédéral au début février des scénarios d’urgence.

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«Les premières discussions entre les autorités et les banques ont eu lieu mercredi 15 mars. Il était alors clair qu’une fusion entre Credit Suisse et UBS serait la meilleure solution, poursuit-elle, soulignant que d’autres scénarios n’avaient pas encore été écartés. Même la décision de principe de nationaliser Credit Suisse avait été préparée sous la forme d’une ordonnance d’urgence».

Meilleure des variantes

La ministre des Finances se dit convaincue que la reprise de Credit Suisse par UBS, avec les garanties de la Confédération, est la meilleure des variantes. «Toutes les autres options étaient, à notre avis, plus risquées pour l’Etat, le contribuable, la place financière suisse et les marchés internationaux». Même si UBS «n’était certainement pas dans une position de faiblesse», elle n’a pas dicté ses conditions, assure-t-elle.

Quant à la colère de la population face à une économie de marché dans laquelle on aide les «grands», la Saint-Galloise affirme la comprendre. «Moi aussi, j’ai du mal à l’accepter», surtout lorsque des erreurs de gestion ont conduit à une telle situation. Mais de telles erreurs ne peuvent pas être éliminées, ajoute-t-elle. «Je crains que le dilemme ne soit pas facile à résoudre».

Freiner les dépenses

Malgré le sauvetage de Credit Suisse, elle entend toujours freiner la croissance des dépenses de la Confédération. «Certains domaines comme le fonds d’infrastructure ferroviaire ou l’assurance-chômage ont un bon matelas. Ces secteurs seront visés en premier pour équilibrer le budget», déclare-t-elle. Elle remarque également une croissance disproportionnée des dépenses dans le domaine de la prévoyance sociale. «Nous devrons également nous attaquer à ce problème».

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Dans l’immédiat, 2 à 3 milliards de francs doivent être «apurés» dans les comptes de la Confédération, ajoute la conseillère fédérale PLR. «J’ai bon espoir que nous puissions respecter le frein à l’endettement l’année prochaine».