Le conseiller fédéral chargé de l’Economie, Johann Schneider-Ammann, conduira début juillet une délégation d’une trentaine d’hommes d’affaires suisses en Asie centrale, notamment au Kazakhstan. Ce pays, le quatrième plus grand du monde, inaugurera alors l’Astana International Financial Centre (AIFC) mais invite d’ores et déjà les acteurs financiers suisses à y jouer un rôle moteur. «Nous attendons certainement des banques, mais aussi des gestionnaires de fortune et des spécialistes de la fintech, a déclaré Kairat Kelimbetov, le gouverneur de l’AIFC lors d’une présentation mercredi à Genève. Notre patrimoine (fonds souverain, réserves et caisses de pension) s’élève à presque 100 milliards de dollars.»

Autant dire que les deux grandes banques suisses, UBS et Credit Suisse, ont déjà pignon sur rue à Astana. Nouvelle capitale kazakhe dont l’aménagement a commencé en 1998, celle-ci est déjà devenue le centre névralgique pour les affaires en Asie centrale. L’ancienne capitale Almaty demeure un centre commercial et culturel majeur.

Développement foudroyant

L’économie kazakhe a connu un développement foudroyant ces vingt dernières années grâce au pétrole et au gaz et aux autres matières premières minières. Outre les banques, des dizaines d’autres entreprises suisses – les groupes d’ingénierie Mabetex et ABB, Glencore, Nestlé, Gate Gourmet – sont déjà implantées dans le pays.

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«Nous entretenons des relations stratégiques et privilégiées avec la Suisse», a souligné le gouverneur de l’AIFC, faisant référence à l’appartenance de son pays au groupe que dirige la Suisse au sein des institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire international). En tant qu’ancien président de la banque centrale de son pays, Kairat Kelimbetov a longuement collaboré avec les autorités suisses, notamment en matière de gestion des finances publiques.

En réalité, le Kazakhstan, qui est dirigé par Noursoultan Nazarbaïev depuis son indépendance en 1991, atteint les limites de son développement qui s’est reposé presque exclusivement sur le pétrole et les matières premières. Le besoin de diversification s’est encore fait davantage ressentir ces dernières années lorsque les prix mondiaux ont fortement baissé. Au début des années 2000, le pays enregistrait un taux de croissance de son produit intérieur brut autour de 10% par année. L’an dernier, il est tombé à 4%.

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«Nous avons souffert de la dépréciation de notre devise [le tenge] et de la baisse des réserves financières, a expliqué Baur Bektemirov, chef économiste de l’AIFC. Cette situation a aussi mis en lumière d’autres faiblesses. Par exemple, l’agriculture représente 4 à 5% du PIB alors qu’elle emploie 25% de la population active.»

Des atouts

Le Kazakhstan ne manque pas d’atouts pour faire saliver les investisseurs, notamment sa proximité avec la Chine et la Russie et ses besoins en infrastructures. Autre atout, le pays est membre de la zone de libre-échange de l’Union économique eurasiatique, un marché de 180 millions de consommateurs, qui comprend la Russie, la Biélorussie, l’Arménie et le Kirghizistan. Le pays compte aussi privatiser de nombreux services publics dont les télécoms et les transports.

«Notre participation à l’initiative chinoise Les nouvelles routes de la soie devrait aussi représenter une aubaine pour les investisseurs», a renchéri Kairat Kelimbetov. La Chine et le Kazakhstan ont signé des accords pour des infrastructures à hauteur de 24 milliards de dollars. Au total, les pays comptent consacrer 700 milliards d’ici à 2022 dans l’aménagement des routes, du rail et les ports dans la mer Caspienne.