Kudelski joue une partie serrée pour emporter OpenTV
technologie
Face à une forte résistance du marché, le groupe vaudois a prolongé son offrede rachat sur la société californienne active dans les décodeurs. L’enjeu est stratégique
Suivra, suivra pas? La partie de poker engagée en juillet par Kudelski pour s’emparer de la totalité du capital de sa filiale américaine OpenTV a connu un nouveau rebondissement mardi. Face à la résistance du marché, le groupe vaudois a prolongé la validité de son offre d’achat de six jours, jusqu’au 12 novembre.
Après une première offre en juin au prix de 1,35 dollar par action, Kudeslki avait déjà augmenté sa mise à 1,55 dollar le 5 octobre dernier. Or le groupe vaudois a admis hier n’avoir mis la main que sur 1,5 million de titres OpenTV sur les quelque 94 millions encore sur le marché.
Jusqu’ici, deux groupes d’investisseurs ont mis le dos au mur. Le premier, Arcadia Capital Advisors, continue de refuser l’offre «prédatrice» de Kudelski. Le second, Discovery Group, a indiqué avoir vendu 7 millions d’actions le 2 novembre, mais sans les céder à Kudelski. Selon une source proche d’OpenTV, ces actions ont pu tomber entre les mains de hedge funds misant sur le fait que Kudelski sera contraint d’augmenter son offre.
Solutions «clé en main»
Ce rachat est un enjeu stratégique pour Kudelski, qui cherche à intégrer les logiciels pour décodeurs conçus par OpenTV avec son activité traditionnelle de systèmes de cryptage pour les télévisions numériques. Ces deux activités combinées doivent permettre à Kudelski de jouer à armes égales avec son principal concurrent, l’anglo-israélien NDS, qui offre depuis 2003 une solution «clé en main» aux chaînes de TV numérique, contrôlant du même coup la diffusion par satellite ou par le câble jusqu’à l’interface des décodeurs.
Comme le notait Kudelski dans un communiqué mardi, «OpenTV est le dernier opérateur indépendant» actif dans les décodeurs, alors que «les clients préfèrent désormais des solutions globales intégrées».
Pour justifier son prix de rachat, Kudelski brosse un portrait peu reluisant de la société dont elle a pris le contrôle de 33% des actions et de 77% des droits de vote en octobre 2006 pour 167 millions de francs. Toujours selon un communiqué, les «revenus et la profitabilité d’OpenTV» seraient aujourd’hui «fortement menacés par un environnement compétitif très mouvant» et une centaine de millions de dollars serait nécessaire pour assurer sa pérennité à moyen terme. Un tel investissement ne pourra se faire, souligne Kudelski, qu’à condition d’une prise de contrôle complète et d’un retrait de la bourse.
Modèle d’affaires
Depuis son entrée au capital d’OpenTV il y a deux ans, la firme de Cheseaux a choisi de laisser une grande autonomie à sa filiale. Celle-ci restait en effet libre de fournir ses décodeurs à des bouquets de chaînes cryptées en partenariat avec des concurrents de Kudelski comme Conax, Irdeto ou NDS. Selon un porte-parole du groupe vaudois, cette stratégie ne devrait pas être remise en question: «Le fait qu’OpenTV puisse travailler avec des clients très variés et sur des systèmes de cryptage concurrents est une de ses forces principales».