Innovation
La 11e conférence Lift ferme ses portes ce vendredi à Genève. Entretien avec Nicolas Loubet, cofondateur de Cellabz, sur les nouvelles manières de concevoir la recherche et le développement

Le Français Nicolas Loubet, 30 ans, est cofondateur de l’accélérateur d’écosystèmes innovants Cellabz. Sa passion: l’appropriation sociale des technologies au travers de nouvelles formes de laboratoire. Rencontre lors de la 11ème édition de la conférence Lift, le rendez-vous annuel à Genève dédié aux progrès numériques.
En quoi consiste concrètement un laboratoire du futur? Et quelles sont surtout ses différences avec un laboratoire du passé?
Les lieux de recherche de «l’ancien monde», comme on en trouve encore dans la majorité des Universités, sont des espaces formels, contraignants et cloisonnés, parmi les moins accessibles au monde. Ce sont encore trop souvent des tours d’ivoire, doublées de lieux de frustration. Littéralement, ces structures peuvent cohabiter à cinq mètres de distance les unes des autres, sans jamais collaborer. C’est insensé! Il faut au contraire mélanger, brasser les personnes. Les laboratoires du futur, encore en devenir, ne sont donc pas des lieux ni des sociétés. Mais des environnements de hasard et de prospérité.
C’est-à-dire?
C’est un peu comme une grande caisse de Lego, qui appartient à tout le monde et où chacun peut assembler, selon son référentiel, les services et les produits dont il a besoin. Les laboratoires de l’avenir sont à la fois un langage, une culture et une idéologie visant à susciter le brassage massif d’idées. Il s’agit plus concrètement d’espaces autogérés, décentralisés, inclusifs et totalement décloisonnés.
Existe-t-il déjà un «lieu» comparable en Suisse?
La dynamique est en cours, mais il n’existe encore aucun modèle abouti. Le bio-hackerspace Hackuarium à Renens est clairement dans l’esprit. En termes d’expérience, c’est ce qui se rapproche le plus de cette idée de laboratoire du futur.
Que pensez-vous du Campus Biotech à Genève?
Ce site m’a un peu étonné pour être franc. Il me fait penser à une immense cage dorée. On y prône certes la mixité, mais entre gens triés sur le volet, entourés d’une armée de vigiles. Cet endroit questionne l’éthique de l’allocation des ressources.
Vous a-t-on déjà dit que vous aviez le discours d’un utopiste?
Vous savez, il n’y a rien de plus intéressant que de titiller des frontières considérées comme infranchissables. Interroger l’innovation sous l’angle du marché est une erreur. C’est l’aspect humain qui doit primer.