C'est pourtant le continent qui attire une forte attention de la part des donateurs. Un diplomate présent à Accra ne cache pas les raisons de cet échec: l'aide répond parfois aux intérêts politiques des donateurs et non aux besoins des populations; une partie est gaspillée dans des projets insensés et enfin, la corruption, tant du côté des bailleurs que des bénéficiaires, gangrène le secteur.
La Déclaration de Paris a justement prescrit une série d'antidotes. Il s'agit globalement d'améliorer la préparation des projets d'aide avec la participation des bénéficiaires, de renforcer la coordination entre bailleurs de fonds et la transparence dans la gestion des projets. Le document est également une plaidoirie en faveur de la redevabilité, c'est-à-dire la responsabilité des donateurs et des bénéficiaires de répondre aux questions des parlementaires, de la société civile et de la presse sur les programmes d'aide.
L'aide rapporte aux donateurs
Dans le cadre des préparatifs du Forum d'Accra, une enquête a été effectuée dans de nombreux pays sur l'application de la Déclaration de Paris. Le résultat est mitigé. Deux autres sujets interpellent les donateurs. En premier, les études montrent que l'aide publique rapporte plus aux bailleurs qu'aux pays bénéficiaires. Pour la Suisse par exemple, chaque franc dépensé en 2006 dans le développement a induit entre 1,40 franc et 1,64 franc de retour pour l'économie nationale. En termes d'emploi, les retombées se calculent dans une fourchette entre 20000 et 29000 places de travail.
Ensuite, les donateurs sont en prise avec de nouveaux acteurs: les fondations comme celle de Melinda et Bill Gates disposant de sommes colossales et des pays émergents, notamment la Chine dont la présence se fait de plus en plus remarquer, notamment en Afrique, mais dont les actions et les intentions ne sont pas transparentes. «La bonne nouvelle est que ces deux acteurs sont présents à Accra», déclare un diplomate.