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L'Afrique s'appauvrit malgré l'aide. Que faire?

La coopération internationale, 1000 milliards de dollars par an, fait son autocritique.

L'efficacité de l'aide internationale ou son inefficacité, sujet récurrent depuis deux décennies, fait l'objet d'un nouveau forum, du 2 au 4 septembre, à Accra, capitale du Ghana. Des dignitaires de pays donateurs et bénéficiaires ainsi que des représentants d'organisations internationales feront un bilan de la Déclaration de Paris (2005) qui établit des critères pour que les 100 milliards de dollars dépensés par an atteignent les objectifs de lutte contre la pauvreté. Une forte délégation suisse menée par Martin Dahinden, le nouveau directeur de la coopération, est présente à Accra.

Ironie du sort, le Forum a lieu moins d'une semaine après la publication d'un rapport de la Banque mondiale, qui affirme que le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de la pauvreté (1,25 dollar par jour) augmente en Afrique.

C'est pourtant le continent qui attire une forte attention de la part des donateurs. Un diplomate présent à Accra ne cache pas les raisons de cet échec: l'aide répond parfois aux intérêts politiques des donateurs et non aux besoins des populations; une partie est gaspillée dans des projets insensés et enfin, la corruption, tant du côté des bailleurs que des bénéficiaires, gangrène le secteur.

La Déclaration de Paris a justement prescrit une série d'antidotes. Il s'agit globalement d'améliorer la préparation des projets d'aide avec la participation des bénéficiaires, de renforcer la coordination entre bailleurs de fonds et la transparence dans la gestion des projets. Le document est également une plaidoirie en faveur de la redevabilité, c'est-à-dire la responsabilité des donateurs et des bénéficiaires de répondre aux questions des parlementaires, de la société civile et de la presse sur les programmes d'aide.

L'aide rapporte aux donateurs

Dans le cadre des préparatifs du Forum d'Accra, une enquête a été effectuée dans de nombreux pays sur l'application de la Déclaration de Paris. Le résultat est mitigé. Deux autres sujets interpellent les donateurs. En premier, les études montrent que l'aide publique rapporte plus aux bailleurs qu'aux pays bénéficiaires. Pour la Suisse par exemple, chaque franc dépensé en 2006 dans le développement a induit entre 1,40 franc et 1,64 franc de retour pour l'économie nationale. En termes d'emploi, les retombées se calculent dans une fourchette entre 20000 et 29000 places de travail.

Ensuite, les donateurs sont en prise avec de nouveaux acteurs: les fondations comme celle de Melinda et Bill Gates disposant de sommes colossales et des pays émergents, notamment la Chine dont la présence se fait de plus en plus remarquer, notamment en Afrique, mais dont les actions et les intentions ne sont pas transparentes. «La bonne nouvelle est que ces deux acteurs sont présents à Accra», déclare un diplomate.