L’ananas, le fruit roi
Géopolitique des fruits (8/8)
Disponible en toutes saisons et sous toutes les latitudes, l’ananas est produit sous les tropiques sur de grandes surfaces, avec des méthodes industrielles. La Suisse en a consommé 22 000 tonnes l’an dernier

C’est l’un des fruits qui a le plus voyagé. Il était cultivé il y a plus de 1000 ans par les peuples indigènes d’Amérique du Sud. Christophe Colomb a découvert l’ananas lorsqu’il arriva en Guadeloupe en 1493. Sa ressemblance avec la pomme de pin lui vaut le nom de «pineapple» en anglais. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, il a été même introduit en France et en Angleterre, mais face à la concurrence des importations, les cultures furent abandonnées. Ce sont vraisemblablement les Portugais qui l’ont emporté en Inde et c’est de là qu’il a conquis le reste de l’Asie. Le roi des fruits, c’est lui! Ne porte-t-il pas une couronne?
Une société américaine, la Dole Food Company, a mondialisé l’ananas au XXe siècle grâce à des méthodes industrielles de production sur de grandes surfaces. La culture nécessite tout de même beaucoup de main-d’œuvre: les boutures sont mises à terre manuellement, un hectare contenant 60 000 plantes. Après la récolte qui a lieu toute l’année, les fruits doivent être rapidement contrôlés, lavés, emballés pour le marché local ou pour l’exportation.
L’ananas pousse aujourd’hui dans toutes les régions tropicales, les principaux producteurs étant le Brésil, la Thaïlande, le Costa Rica et les Philippines. Le monde en produit 25 millions de tonnes.
Ananas Max Havelaar depuis 2003
Cueilli avant complète maturité, il continue à mûrir pendant son transport, qui se fait généralement par bateau. Son stockage à température ambiante ne pose aucun problème pendant une à deux semaines. Ainsi, on trouve le fruit sur tous les marchés, sous toutes les latitudes. La Suisse en a importé 22 000 tonnes en 2019, sans compter les quelque 5000 tonnes en boîtes de conserve.
La plus grande partie est écoulée dans les grandes surfaces. La filière de commerce équitable Max Havelaar est devenue l’un des acteurs du marché en 2003. Elle certifie des importations auprès de petits producteurs au Ghana et au Costa Rica. L’an dernier, la Suisse a ainsi importé 2,1 millions de tonnes d'ananas équitables.
Sweet Cayenne, ananas bouteille, Spanish, Pernambuco ou Victoria, le fruit, dans toutes ses variétés, se mange tel quel, en toute saison. Sa découpe – un jeu d’enfant pour les habitués –, peut s’avérer un casse-tête.
L’ananas a naturellement trouvé sa place en cuisine. Avec des saveurs proches de celles des agrumes, il accompagne avantageusement viandes et poissons. Certains l’associent au poulet au curry ou osent en parsemer des rondelles sur la fameuse pizza hawaïenne, garnie de fromage et de jambon.
Très aromatique, son jus est également populaire en Afrique et en Amérique du Sud. Au Congo, on en fait une bière locale et au Burundi, on le distille en liqueur, appelée Bourasine. Tandis qu’à Maurice, on le consomme en tranches, saupoudrées de sel et de piment. Un vrai délice, foi de Mauricien!