Publicité

L'Angleterre baisse ses taux pour stimuler la consommation

La Banque centrale britannique a baissé son principal taux d'intérêt de référence, de 0,25 point, à 4,5%. La croissance du pays a fortement ralenti depuis une année.

La Banque d'Angleterre desserre la vis. Comme prévu, pour la centième réunion de son histoire, le comité monétaire de la Banque centrale britannique a baissé son taux d'intérêt directeur de un quart de point, à 4,5%.

Elle fait ainsi un geste face au ralentissement de la Grande-Bretagne. La croissance a été divisée par deux depuis un an, à 0,4% au deuxième trimestre, et se trouve à son plus bas niveau depuis une décennie.

Surtout, cette décision soulage les milliers de Britanniques écrasés par les dettes. Les créances des ménages ont crevé le plafond symbolique des 1000 milliards de livres l'an dernier. Les faillites personnelles sont en hausse de 24% au premier trimestre, dépassant 10 000 nouveaux cas. Les saisies d'appartement sont au plus haut depuis 1995.

«C'est surtout du côté des cartes de crédit que provient le problème», commente Fred Goodwin, directeur de Royal Bank of Scotland, la deuxième banque du pays. Celles-ci sont nombreuses et offertes très facilement. Les supermarchés proposent par exemple leurs propres services financiers, donnant un accès quasi général au crédit.

Une décision psychologique

Les difficultés des ménages britanniques proviennent paradoxalement de la hausse précédente des taux d'intérêt. Pour éviter un emballement du marché immobilier, la Banque d'Angleterre les a augmentés de 3,5% en 2003 à 4,75% l'an dernier. Cette politique a porté ses fruits: les prix des logements sont quasiment inchangés depuis six mois. Dans le même temps, les impôts, notamment locaux, ont augmenté. Les ménages se sont donc mis à moins consommer, heurtant de plein fouet le principal pilier de la croissance du pays.

Les attentats du mois de juillet sont venus ajouter à la morosité ambiante. Une première étude de l'association du tourisme, réalisée avant la deuxième vague d'attaques manquées du 21 juillet, évaluait que les dépenses des touristes étrangers allaient être 2% inférieures aux prévisions initiales. C'est une perte de 300 millions de livres.

La question est désormais de savoir si le geste de la banque centrale va être poursuivi ces prochains mois. Les économistes sont partagés. Certains affirment que sa décision est en partie psychologique. «Cela va servir à relancer la confiance des consommateurs», affirme Jonathan Said, économiste au Centre d'études économiques et d'affaires (CEBR). Mais une baisse continue lui paraît improbable: «Les dépenses du gouvernement et la santé des entreprises restent relativement robustes.» Cette analyse est partagée par la plupart des analystes: «Beaucoup de pays européens seraient heureux d'avoir la croissance actuelle de la Grande-Bretagne», affirme Fred Goodwin.