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L'année 2002 devrait consacrer le retour à la normale en Bourse

Les économistes se veulent dans l'ensemble prudemment optimistes. Ils misent sur un rebond de la croissance économique aux Etats-Unis à partir du deuxième trimestre et sur des rendements boursiers traditionnels, entre 7% et 10%.

En ces temps d'incertitudes sur les marchés financiers, il est au moins un point sur lequel les économistes s'accordent: les rendements annuels de 20% – voire bien davantage sur certains secteurs – réalisés en Bourse durant la dernière décennie, c'est fini. Mais à vrai dire, après deux ans de curée, on a appris à se contenter de moins. Pour les investisseurs qui ne peuvent désormais plus faire la fine bouche, 2002 et les années suivantes pourraient réserver une surprise somme toute assez agréable: le retour à la normale. Entendez, des gains boursiers compris entre 7% et 10%. Plusieurs gérants de fonds prévoient une année «typique» avec, dans un ordre décroissant, des actions plus intéressantes que les obligations, elles-mêmes plus intéressantes que les placements en liquidités. Ce qui trancherait singulièrement avec 2001, année de refuge sur les marchés obligataires et monétaires.

Ceci dit, il ne faut pas crier victoire non plus. Les premiers mois de l'année pourraient bien s'avérer encore difficiles. Le rally observé sur les marchés depuis octobre est surfait au regard de la conjoncture économique mondiale plus que maussade. Lors de la présentation de ses perspectives début décembre, l'Union Bancaire Privée (UBP) le constatait déjà. «La croissance réelle ne permet pas de soutenir ce rythme», jugeait-elle alors. Le début de cette année pourrait donc être caractérisé par un mouvement de prises de bénéfices. Par ailleurs, si l'on s'attarde sur les résultats des entreprises, il y a peu à attendre du premier trimestre, estiment les analystes. Février sera un mois particulièrement anxiogène pour les investisseurs avec la publication, des deux côtés de l'Atlantique, des bénéfices du quatrième trimestre 2001. Peu attendent de bonnes nouvelles. Ce n'est que par la suite, avec la reprise économique et un effet de base favorable, que les résultats pourront s'améliorer.

La croissance économique aux Etats-Unis devrait refaire son apparition cette année, encouragée par l'injection massive de liquidités par la banque centrale et le plan de stimulation fiscale. Quand? Les avis divergent, entre ceux qui penchent pour le deuxième trimestre et ceux qui pensent qu'il faille attendre le second semestre. Plusieurs analystes se laissent aller à un prudent optimisme, en pariant sur un scénario de reprise économique en V aux Etats-Unis.

Quoi qu'il en soit, la reprise ne devrait pas être spectaculaire. Les économistes de Darier Hentsch & Cie, qui se veulent pourtant positifs, estimaient lors de la présentation de leurs perspectives 2002 qu'il faudra attendre le milieu de l'année pour juger de l'ampleur réelle des dégâts subis par l'économie américaine suite aux bouleversements géopolitiques mondiaux, conjugués aux excès d'investissement des années 1999-2000. Quant aux observateurs américains, selon les dernières projections moyennes des 55 principaux économistes privés américains interrogés par le Wall Street Journal, publié vendredi, ils estiment que la croissance américaine sera de 3,6% au deuxième semestre en rythme annuel. Cela peut sembler important mais pourtant, relève le quotidien, le rythme de récupération sera plus modeste que ceux observés lors des neuf reprises depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L'Europe, pour sa part, s'en sortira moins bien, estime par exemple Pictet & Cie. Darier Hentsch & Cie croit aussi que c'est aux Etats-Unis que la conjoncture redémarrera en premier. Ce jugement se retrouve dans les prévisions moyennes des bénéfices, selon lesquelles les entreprises présentes dans l'indice américain S & P 500 devraient connaître une croissance de leurs bénéfices de 15,6% en 2002 contre un taux de 5% pour les sociétés européennes. Selon l'UBP, le PIB européen devrait croître cette année de 0,8%, celui de la Suisse de 0,4%. Ce sont les raisons pour lesquelles les gérants de fonds anglo-saxons, tout comme Darier Hentsch & Cie, préfèrent miser sur les actions américaines. Pictet & Cie, toutefois, ne se prononce pas sur l'allocation géographique en raison de la forte corrélation des Bourses.

Face à un climat qui demeure malgré tout incertain, les trois banques genevoises restent prudentes. Darier Hentsch & Cie reste sous-pondéré en actions mais prêt, dès que la croissance revient, à adopter une attitude plus agressive. Tout comme l'UBP, elle met l'accent sur les produits alternatifs qui permettent de profiter des hausses du marché tout en se prémunissant partiellement en cas de baisse. Pictet & Cie reste neutre sur les actions et prêt à sous-pondérer les obligations dès les premiers signes sérieux d'une amélioration conjoncturelle.