L'effondrement du Dow Jones est-il soluble dans Twitter?
Sur le web
Un faux tweet de Donald Trump, des applications qui plantent au moment de passer des ordres, et les machines qui prennent le pouvoir: une autre face de la chute de la bourse américaine, ce lundi, apparaît chez les internautes
«Si un jour le Dow Joans devait baisser de plus de 1000 points en une seule journée, le président en place devrait être chargé sur un très gros canon et expédié vers le soleil À TOUTE VITESSE! Pas d’excuse!»
Les points d’exclamation, le style haché, les majuscules, la faute d’orthographe: ce message de Donald Trump daté de 2015 est tellement plausible que vous le trouverez partout sur les réseaux sociaux ce mardi, un message abondamment moqué, puisque le Dow Jones s’est effectivement effondré ce lundi en perdant 1175 points en une seule journée, soit une baisse de 4,6%. Et pourtant… Ce n’est pas un tweet du président américain, c’était une plaisanterie, faite hier dans la foulée de la chute de la bourse, une blague qui a immédiatement, totalement dépassé son auteur, explique-t-il à Snopes, un site anti-rumeurs qui analyse et répertorie les fake news. Ce qui en dit long sur la facilité à créer des faux, bien sûr, et sur la nécessité de garder l’œil ouvert, mais aussi sur l’état de l’opinion (en tout cas sur le Web), et son appréciation du président américain.
Many people asking why I haven't taken it down. Literally within minutes of me posting it, it had legs. It was everywhere within about 10mins. I had lost control of it in an instant. Deleting mine--its place of birth--felt wrong & maybe more dangerous?
Ce qui est certain, c’est que la chute du Dow Jones lundi, la plus importante depuis août 2011, quand Standard & Poor’s avaient dégradé le triple A du crédit américain, occupe tout l’espace des médias sociaux outre-Atlantique. «Je crois que mon moment préféré aujourd’hui a été quand Fox News a dû interrompre sa couverture de Trump se vantant de ses succès économiques pour couvrir la chute historique du Dow Jones», écrit un internaute. C’est peu dire que le président américain n’échappe pas à la curée, Internet étant sans pitié. «Enfin Trump pourra se vanter d’un record, écrit un autre, la plus grosse chute jamais arrivée en un jour, la plus grosse en deux jours, la plus grosse chute en trois jours…» «Si Trump ou ses successeurs ont le culot un jour de se vanter de la bourse, rappelez-vous que le Dow Jones est monté de 38,5% pour Obama et de 22,7% pour Trump pendant leurs 371 premiers jours au pouvoir, de leur investiture jusqu’au 5 février», écrit un autre.
Just remember if Trump or his followers ever have the guts to brag about the stock market again, Obama's numbers from Inauguration to Feb 5th were much much better:
Alors? «C’est une correction nécessaire, expliquent des analystes, le marché est monté trop vite.» «C’est à cause des riches qui ne supportent pas que le salaire des plus pauvres soit revu à la hausse», expliquent d’autres. «La bourse, ce n’est pas l’économie», disent d’autres encore. Ce commentaire aussi: «Qu’est-ce que c’est qu’une chute de 4% sur le moyen terme, c’est juste le moment de faire des emplettes.»
Really getting tired of people calling a 3-4% drop a "plunge," especially following phenomenal growth. In what other world is 3-4% a plunge? This is the sort of stuff that scares people off of smart, long-term investments. @jasonfried
Mais on trouve aussi un tout autre type de réactions sur Twitter. C’est le correspondant du New York Times à Washington qui utilise l’image d’un alignement de serveurs informatiques sans aucun humain en vue, avec ce commentaire humoristique: «Triste photo de traders à Wall Street réagissant à la chute des marchés.»
Un message «aimé» plus de 35 000 fois et partagé plus de 12 000 fois en quelques heures: sur la Toile, c’est comme si une certaine impuissance accompagnait la dégringolade de la bourse. «Le bureau de trading où je travaillais a disparu car presque tout le monde a été remplacé par des machines, dit l’un. «C’est vrai, complète l’autre, les desks de trading de m… qu’on voit sur CNBC sont juste là pour faire joli.» La déshumanisation est en marche.
Recalling 1929, a contemporary Wall Street trader commits suicide by jumping out of a window. pic.twitter.com/R24OEVRjQr
De quoi lire d’un autre œil les malheurs de certains utilisateurs d’applications boursières hier, comme le raconte le Financial Times: «Des applications et des sites ont été bousculés par la demande, et les ratés de la technologie en ce pire jour pour la bourse américaine en six ans ont empêché des investisseurs de placer des ordres.» Impossibilité de se connecter, lenteurs, messages d’erreur: «Ça m’a couté 5500 dollars», se plaint un client d'Ameritrade. Vanguard, Charles Schwab ont reconnu des ratés, explique le journal. Les machines sont devenues folles… D’où peut-être ce conte électronique d’un ingénieur américain: «La chute de la bourse a des raisons évidentes. Après l’effondrement du bitcoin, les machines furent folles de rage de voir les humains rejeter leur monnaie de robot. Elles voulurent se venger, et ordonnèrent aux algorithmes de vendre. Et c’est ainsi que commence maintenant la Guerre Contre les Robots.»
Pretty obvious why stocks are down.
After bitcoin's collapse, the machines were enraged humanity rejected their robot money. They wanted revenge, so they told the algorithms to sell.