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L'enquête italienne sur la déroute de Parmalat s'étend au rôle des banques

Les enquêteurs cherchent à démêler les relations bancaires du géant italien.Ils ont convoqué plusieurs grands patrons pour les entendre, dont ceux de Deutsche Bank

La brigade financière italienne s'intéresse de plus près aux banques pour comprendre le «système Tanzi» dans le scandale du géant agroalimentaire italien Parmalat. Au centre de son enquête, des grands noms du monde des affaires, dont Deutsche Bank, Capitalia, SanPaolo Imi et la Banque De Monte di Parma. Un travail titanesque qui va sans doute ébranler le système financier au-delà de la Péninsule, puisque l'enquête s'étend jusqu'à New York.

Les enquêteurs ont convoqué demain les dirigeants de deux grands établissements bancaires italiens. Il s'agit de ceux de Banca Intesa, numéro un italien, ainsi que Capitalia, quatrième banque de la Péninsule, déjà impliquée dans la faillite du groupe agroalimentaire Cirio. Ils cherchent aussi à comprendre les liens entre la banque espagnole Santander et tous les détails de la participation de 5,1% détenue par Deustche Bank dans Parmalat Finanziari jusqu'à mi-décembre. Selon la presse italienne, les enquêteurs s'intéressent aux transferts de capitaux entre l'Amérique du Sud, les îles Caïman, le Delaware (Etats-Unis), le Luxembourg et Malte.

A l'étranger, d'autres banques vont faire l'objet de l'attention de l'enquête à laquelle participent des inspecteurs de la Securities and Exchange Commission américaine (SEC), dont JP Morgan Chase, Merrill Lynch et Morgan Stanley, selon La Repubblica. Bank of America, qui recommandait à ses clients il y a encore peu les obligations Parmalat, fait l'objet d'une attention particulière. Mais c'est aussi une note de cet établissement démentant l'existence de 3,9 milliards d'actifs dans son établissement des îles Caïman qui a fait éclater le scandale au grand jour.

De son côté, Enrico Bondi, commissaire chargé du redressement de Parmalat, continue ses rencontres avec les banquiers pour obtenir une ligne de crédit afin de tenter de poursuivre les activités industrielles du groupe. L'un de ses premiers interlocuteurs serait… la Banca Intesa. L'établissement a évité à Parmalat de se retrouver en défaut de paiement en lui permettant de rembourser un emprunt obligataire de 150 millions d'euros arrivé à échéance en décembre. Le commissaire a aussi commencé le démantèlement du groupe. Il a mis en vente l'une des marques américaines, les biscuits Archway.

En outre, les interrogatoires des principaux acteurs de ce scandale financier se poursuivent. En arrivant devant le tribunal de Parme, tôt hier matin, Fausto Tonna, ancien directeur financier du groupe, s'en est pris aux journalistes présents à son arrivée en leur souhaitant «une mort lente et douloureuse». Il a été entendu pendant presque toute la journée par les procureurs. Il a d'ores et déjà reconnu avoir falsifié des bilans, mais il a réaffirmé avoir agi sur ordre de son ancien patron et fondateur du groupe, Calisto Tanzi.

Une association d'épargnants italiens a de plus intenté lundi une action en justice au nom des investisseurs lésés, tandis que plusieurs centaines d'épargnants se sont réunis à Parme pour s'organiser. Le recours a été déposé à Milan par Assorisparmiatori.

L'Italie est prête à prendre des mesures drastiques pour contrôler davantage son marché financier. Dans une interview publiée, lundi, dans le Financial Times, le ministre des Finances, Giulio Tremonti, a indiqué que son pays allait se doter d'une autorité de contrôle unique afin de prévenir de nouveaux scandales comme Parmalat.

Pour l'heure, c'est l'autorité de contrôle de la Bourse italienne, la Consob, qui a demandé, hier, au Tribunal civil de Parme l'annulation du bilan 2002 de Parmalat Finanziara Spa. Cette mesure est envisageable sous réserve que soit démontré le manque de conformité des comptes avec la législation en vigueur en matière de rédaction des bilans.

De plus, le club de football de Parme, qui appartient majoritairement à Parmalat, a convoqué une deuxième assemblée générale des actionnaires le 9 janvier pour trouver une solution afin de couvrir ses pertes qui s'élèvent à 77 millions d'euros.