L’EPFL gardera Swissmetro au frigo
Technologie
Les responsables de Swissmetro SA proposeront, le 20 novembre 2009, la dissolution de la société. Au moins, des technologies pourront être utilisées pour d’autres projets. Et les promoteurs gardent un espoir, du côté de la Corée du Sud.
«C’est une nouvelle relativement triste, mais on ne peut parler de mort de Swissmetro, puisque le projet n’a pas vu le jour», juge Pierre Triponez, président de Swissmetro SA. Le 20 novembre, les responsables de la société proposeront sa dissolution à l’assemblée générale. Parmi les actionnaires, avec des parts modestes, figurent Swisscom, ABB ou Credit Suisse. Pour Pierre Triponez, «nous ne serions pas loin de la réalisation de Swissmetro si un investisseur se lançait. Or, jusqu’ici, les autorités politiques ont attendu un signe de l’économie, et réciproquement.»
Le projet sera donc repris par l’EPFL, sa maison mère, d’où il était sorti en 1992 au moment de la constitution de la SA. Outre le suivi par son coconcepteur, Marcel Jufer, aujourd’hui professeur honoraire, les travaux sur Swissmetro seront tenus à jour et promus par un responsable au sein de l’EPFL. Selon Marcel Jufer, un institut de recherche coréen maintient son intérêt pour la technologie du transport en tunnel sous vide partiel.
Depuis sa création, Swissmetro a investi 11 millions de francs, dont la moitié de fonds fédéraux issus de la Commission pour la technologie et l’innovation. Les projets de tronçons offrant une vitesse de plus de 400 km/h, entre Genève et Lausanne ainsi que Zurich et Bâle, ont buté sur les coûts, d’autant qu’ils se sont trouvés en concurrence, à la fin des années 90, avec les nouvelles transversales alpines.
Le rêve s’éloigne
Même si, lundi, l’association Pro Swissmetro a réitéré son optimisme, le rêve de Swissmetro semble s’éloigner définitivement de son pays d’origine. Au moins, les recherches ont pu être exploitées avec d’autres finalités. Le retour à l’EPFL, en milieu académique, «a pour but de valoriser cette technologie», juge Marcel Jufer.
Une start-up, Numexia, en utilise certains éléments pour la mise au point d’un véhicule électrique innovant, destiné au marché des camions ou des terminaux portuaires (LT du 30.01.09). Les avancées offertes par le projet en matière de transfert d’énergie, en recourant à un champ électromagnétique, peuvent ainsi être déclinées aussi bien dans les transports que les périphériques informatiques.
Reste que Swissmetro n’est pas près d’être brandi par l’EPFL comme l’un de ses projets de prestige, à l’instar du partenariat avec Alinghi ou du satellite SwissCube. Pour cela, «il faudrait disposer d’une réalisation», concède Marcel Jufer.