En ces temps de crise, les autorités veulent montrer qu’elles frappent fort pour lutter contre le virus et soutenir l’économie. Cela passe par des actions spectaculaires et des appellations coups-de-poing. Comme l’helicopter money décidé par l’administration américaine, ou le maladroitement nommé programme SURE de la Commission européenne.

Un hélicoptère qui largue des billets à la population, l’image marque instantanément les esprits. Les destinataires reçoivent immédiatement de l’argent et le pilote apparaît comme un tout-puissant deus ex machina. On est moyennement surpris que Donald Trump ait choisi ce moyen de distribuer des dollars à quelque 145 millions d’Américains, dans le cadre d’un programme de soutien de 2000 milliards voté à la fin de mars. Sauf que certains ménages ne recevront rien avant septembre, selon un mémo interne du fisc américain – l’IRS, qui doit envoyer cet argent – que le Washington Post a pu consulter.

La difficulté de donner de l’argent

Parce qu’il y a l’image de l’hélicoptère et il y a la réalité. Transférer de l’argent à un individu se révèle facile lorsqu’on possède ses coordonnées bancaires. Les Américains qui ont donné leur IBAN à l’IRS (par exemple pour recevoir d’éventuels remboursements d’impôt) recevront leurs fonds dans les deux semaines, a assuré jeudi le secrétaire d’Etat au Trésor, Steven Mnuchin.

Sans IBAN, le fisc doit identifier les contribuables par leur numéro de sécurité sociale, ce qui retarde un peu le transfert. A défaut, les Américains seront invités à fournir leurs coordonnées sur un site web de l’administration. Le retard sera un peu plus marqué, mais moins que lorsque l’administration n’a aucune information et doit envoyer des chèques.

Dans ce cas, l’IRS doit faire imprimer des chèques et les envoyer un à un par la poste. Ce qui repousserait probablement à septembre la réception des fonds. Sans compter les erreurs d’adresse et la disparition – parfois définitive, à cause du coronavirus – des individus concernés.

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SUREment insuffisant

Un autre moyen de frapper les esprits consiste à choisir soigneusement le nom des lois. En 2010, les Etats-Unis avaient accepté une loi permettant d’obtenir des informations sur les comptes bancaires que les contribuables américains détenaient à l’étranger. Cette loi Fatca faisait partie d’un package dénommé HIRE – qui signifie «embaucher», histoire de faire le lien entre la lutte contre la fraude fiscale et le bien-être général.

Jeudi 2 avril, la Commission européenne a dévoilé son programme SURE – pour Support to mitigate Unemployment Risks in an Emergency – qui signifie «certain» en anglais. Il s’agit d’une enveloppe de 100 milliards d’euros destinée à aider les plans de soutien à l’emploi dans les pays membres. Mais, tout comme les lignes de crédit spécifiques à certains pays, le projet SURE de Bruxelles laisse finalement à chaque pays le soin de se débattre avec ses propres problèmes. Les pays moins solides seront donc davantage affectés, alors qu’une réponse commune, au niveau de l’Union européenne, serait certainement plus puissante. Bref, comme pour l’helicopter money, l’efficacité du programme SURE n’en a que le nom.