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L’hôtellerie a limité la casse mais craint des lendemains ardus

La branche exige des mesures «urgentes» pour juguler la baisse des nuitées

Les professionnels de l’hôtellerie s’attendaient à de sévères répercussions sur leur marche des affaires suite à l’envol du franc. Après les six premiers mois de l’année, à l’exception des Grisons et dans une moindre mesure le Valais, force est de constater que le secteur n’a pas été aspiré par le vide. Alors, trop de jérémiades, de plaintes ou d’un alarmisme inutile comme semble le suggérer l’hôtelier davosien Pius App? «La relative résilience observée au premier semestre, avec une légère baisse de 0,2%, est une bonne nouvelle», observe sobrement Christian Hunziker, de l’institut conjoncturel BAK.

Une fois n’est pas coutume, le marché intérieur est venu à la rescousse, comblant partiellement la réticence des vacanciers européens. Avec un total de 9,9 millions de nuitées, la demande étrangère a ainsi affiché une baisse de 0,9% (-95’000 unités), selon un communiqué de presse publié vendredi par l’Office fédéral de la statistique. Quant à la demande indigène, elle a enregistré 7,6 millions de nuitées, soit une augmentation de 0,8% (+59’000). «Il existe toutefois d’énormes variations régionales et par pays d’origine des clients», relativise l’expert bâlois.

L’Allemagne a ainsi essuyé une diminution de 225’000 nuitées (-7,6%), ceci représente le recul le plus marqué du continent européen et de tous les pays de provenance. Les Pays-Bas ont affiché une baisse de 38’000 nuitées (-8%), la Belgique un recul de 37’000 nuitées (-9,5%) et l’Italie une diminution de 19’000 unités (-3,8%). Le Royaume-Uni enregistre également une baisse (-64’000 nuitées/-6,5%). Ces reflux sont cependant en partie contrebalancés par la forte progression des touristes asiatiques, Chinois et Indiens en tête. Une manne dont profitent beaucoup moins le Valais et les Grisons. Ce qui fait dire à Christian Hunziker que ces deux cantons ont peut-être raté cette importante mue. Laquelle se reflète déjà dans des performances nettement en dessous de la moyenne suisse.

Si la branche a limité la casse pour la période sous revue, elle craint une deuxième partie d’année nettement plus difficile. Raison pour laquelle hotelleriesuisse exige des mesures tous azimuts. L’association faîtière demande un financement public accru de 10% à 210 millions de francs pour les quatre prochaines années pour l’organisme de promotion Suisse Tourisme, l’utilisation de tous les moyens dont dispose la Banque nationale suisse (BNS) pour juguler la hausse du franc.

Hotelleriesuisse exige aussi l’ouverture des marchés agricoles, afin de pouvoir importer des denrées alimentaires à moindre coût. De l’avis de l’organisation, la branche hôtelière paie le prix fort de la protection douanière dont bénéficie l’agriculture. Enfin, un taux de TVA inférieur pour la branche est également revendiqué.