L'hôtellerie suisse demande une prolongation des aides
Cas de rigueur
Les compensations versées aux entreprises touchées par les conséquences de la pandémie sont prévues jusqu'à fin juin. L'organisation faîtière de l'hôtellerie veut les prolonger de six mois

La demande touristique internationale ne reprendra pas avant la fin de l'année. C'est la conviction d'Hotelleriesuisse. Partant de ce constat, l'organisation faîtière de la branche demande à la Confédération de prolonger son programme d'aide aux entreprises jusqu'au 31 décembre 2021. Pour l'instant, celui-ci est prévu jusqu'à la fin du mois de juin.
«Même quand les frontières vont commencer à s’ouvrir, la situation va rester dans un premier temps difficile pour les hôtels, surtout en ville, relève Andreas Züllig, président d'Hotelleriesuisse. Les congrès et les voyages d'affaires, notamment, ne vont pas reprendre tout de suite.»
Dans son communiqué de presse publié dimanche, l'organisation demande que les mêmes critères d'aide restent de mise, à savoir une indemnisation lorsqu'un établissement perd plus de 40% de son chiffre d'affaires. Elle souhaite que tous les secteurs puissent bénéficier de ce filet de sécurité.
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Quelque 25 000 entreprises soutenues
«Le parlement a accepté ce printemps de relever à dix milliards de francs le montant maximal des aides. Pour l'heure, moins de 2,5 milliards ont été utilisés. Nous ne demandons donc pas une augmentation des moyens», argue celui qui gère un établissement hôtelier à Lenzerheide, dans les Grisons. Le président d'Hotelleriesuisse ne craint donc pas que cette nouvelle revendication n'incite certains citoyens à lâcher un «non» dans l'urne le 13 juin prochain. Le référendum ayant abouti, la loi covid sera en effet soumise à la population suisse ce jour-là. C'est sur ce texte qu'est adossé le dispositif d'aides pour les cas de rigueur, c'est-à-dire les entreprises qui font les frais des mesures de restriction prises pour juguler la pandémie.
Selon les dernières données de la Confédération, 24 291 entreprises ont été soutenues à fonds perdu pour un montant d'un peu plus de deux milliards de francs. 1972 sociétés ont elles été aidées par des prêts, cautionnements ou garanties, ce qui représente une somme de près de 228 millions de francs. Ces chiffres restent provisoires puisque les cantons traitent encore de nombreux dossiers.
Reprise attendue pour 2022
«A partir de la fin de l’année, les conditions devraient aussi commencer à s'améliorer, même dans les villes», veut croire Andreas Züllig. Selon l'hôtelier grison, si les taux d'occupation atteignent 30 à 40%, les coûts fixes peuvent en général au moins être couverts. Durant l'année 2020, cet indicateur s'est effondré bien en-dessous de ces niveaux dans certaines destinations urbaines.
Partant du principe qu'après la pandémie les contours du tourisme ne seront plus les mêmes, les acteurs de la branche cherchent à adapter leurs modèles d'affaires. Soutenu financièrement par la Confédération, un projet a été lancé en Suisse romande fin avril pour trouver de nouveaux débouchés pour le tourisme urbain. Il est mené par l'Association romande des hôteliers et Genève Tourisme & Congrès, en collaboration avec l’École Hôtelière de Lausanne et l’Institut Tourisme de la HES-SO Valais-Wallis.
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Même si cela n'avait pas suffi pour compenser l'effondrement de la demande, la population suisse avait massivement passé les vacances au pays l'été dernier. Cette année, note Andreas Züllig, ce ne sera pas comparable. Pour le moment, il constate que les clients adoptent une attitude attentiste, désireux notamment de savoir dans quelle mesure les voyages à l'étranger seront possibles.