La période de consultation en vue d’éviter ou de limiter la casse s’est terminée le mois passé. Bilan: 10 postes supprimés, sur les quelque 40 existants. MyCartis, société hébergée dans le quartier de l’innovation à l’EPFL, entend biffer entre 16 et 22 places de travail au total, selon un document officiel dont Le Temps a obtenu une copie. La mesure est censée s’échelonner sur les six à dix prochains mois.

Contactée jeudi, l’entité d’origine belge n’a pas retourné nos appels, ni nos courriels. Renseignements pris du côté de l’EPFL, MyCartis a dénoncé son contrat de location. «Le bail – pour occuper à lui seul les trois quarts d’un étage – prendra fin en novembre 2016», regrette l’institution.

Selon plusieurs sources, internes et externes, la société prévoirait de délocaliser ses activités dans son autre bureau, à Gand (Belgique). Les effectifs non visés par les licenciements auraient été invités à déménager. «Le franc fort a fait très mal, témoigne une partie du personnel affecté par cette restructuration. Phénomène auquel s’ajoutent le manque en Suisse de grands fonds de capital-risque pour soutenir ce type de start-up et les craintes liées à la votation du 9 février contre l’immigration de masse.»


Interactif. La carte des suppressions d’emplois en Suisse»


Fort risque de délocalisations

En juin dernier, Thierry Mauvernay, directeur de société biopharmaceutique vaudoise Debiopharm Group, tirait déjà la sonnette d’alarme dans les colonnes du magazine Bilan. Inquiet au sujet de la compétitivité économique de la Suisse romande dans le domaine de l’innovation, il déplorait alors, en plus des éléments susmentionnés, la faible attractivité du projet d’imposition privilégiée des produits de la propriété intellectuelle («patent box»), prévue dans le cadre de la troisième réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III).

MyCartis semble avoir estimé qu’en moins de douze mois de présence en Suisse, le vent avait complètement tourné en sa défaveur. À tel point que «même ses investisseurs traditionnels ont décidé de se replier sur leur zone initiale, en l’occurrence la Belgique», assure un collaborateur, sous couvert d’anonymat.

L’entité fondée en 2014 est une spin-off de l’entreprise belge Biocartis, active dans les sciences de la vie. Cette dernière, qui a aussi quitté Lausanne cette année pour développer sa plateforme de diagnostic moléculaire entièrement automatisée en Belgique, avait levé 64,5 millions d’euros – un record de financement privé – il y a un an environ. MyCartis, sa succursale helvétique donc, réalisait quant à elle, presque au même moment, une levée de 15 millions d’euros.

Réengagements, mais en Belgique

«Il est prévu de procéder à un deuxième tour de financement en début d’année prochaine auprès des bailleurs de fonds initiaux, précise un salarié de la société. Il y aura très certainement de l’embauche par la suite, mais pas en Suisse, en Belgique.»

MyCartis, fondée en partenariat avec une autre société belge, Pronota, vise à commercialiser une nouvelle génération d’outils d’analyse des biomarqueurs multiplexes, appliquée à la médecine personnalisée. Elle loge depuis un peu plus d’un an à l’EPFL Innovation Park, site hébergeant plus de 140 start-up actives dans les technologies innovantes, appliquées à la santé et à la nutrition, l’informatique, le transport ou encore les télécommunications, ainsi qu’une quinzaine de grandes entreprises. Le périmètre recense pour l’heure plus de 1700 personnes, principalement des ingénieurs, des chercheurs et autres spécialistes administratifs.