Automobile
Une étude montre que la numérisation va bouleverser le secteur automobile

Tous les éléments techniques de la voiture sans conducteur sont connus. Reste à les assembler, à les perfectionner et à réduire leur coût pour que s’ouvre un marché de 90 milliards de dollars (89,6 milliards de francs). C’est la conclusion d’une récente étude du cabinet Roland Berger consacrée aux enjeux économiques et de société de la voiture autonome.
«On sous-estime généralement l’impact que la voiture autonome aura sur le secteur automobile, relève Sébastien Amichi, auteur de l’étude. La transformation en marche aura des effets aussi forts que ceux qui ont vu la disparition de Kodak dans l’image, l’arrivée de Skype dans la téléphonie, d’Airbnb dans le tourisme, de Netflix dans l’audiovisuel, ou d’Uber dans les transports.»
Il est déjà possible aujourd’hui, comme le font Volvo ou Tesla avec des véhicules équipés d’un arsenal de caméras et de capteurs, de faire rouler une voiture sans conducteur sur des tronçons bien balisés et dans un environnement comportant peu de situations complexes, sur l’autoroute par exemple.
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Nous en sommes donc, selon Sébastien Amichi, au début de la phase trois, sur quatre, de la voiture entièrement autonome en toutes circonstances. «Il manque encore une vraie connectivité du véhicule avec de puissants logiciels de géolocalisation et de prise de décision fiable basée sur un large éventail de situations complexes qu’on trouve dans la circulation urbaine», constate l’auteur de l’étude.
La moitié des véhicules déjà en partie autonome
Aujourd’hui, la moitié des véhicules neufs vendus possèdent déjà une forme ou une autre d’automatisation (aide au parcage, contrôle de vitesse, freinage d’urgence, avertissement en cas de franchissement de ligne). En 2020, les voitures vendues sans assistance ne représenteront, selon l’étude, plus qu’un gros tiers, et à peine 10% en 2030. L’apparition des voitures entièrement autonomes se produira vers 2025, avec une part de marché de 5% dès 2030.
Google et Apple en embuscade
Google et Apple viendront bousculer les constructeurs automobiles traditionnels. «Mais je ne pense pas que ces spécialistes de la numérisation, de la récolte et de la vente de données construiront des véhicules, confie Sébastien Amichi. Je les vois mal se contenter d’une marge bénéficiaire brute de 7 à 8% dans le secteur automobile, alors qu’ils touchent 20 à 30% dans le commerce de données et la numérisation.»
Selon l’auteur de l’étude, ils pourront par contre transformer le marché en imposant leurs logiciels de pilotage et en déployant gratuitement des flottes de véhicules urbains pour revendre les données de mobilité.