L’inflation américaine ralentit et alimente l’optimisme des marchés
Prix
L’inflation CPI, mesure qui fait référence, est tombée à +6,5% sur un an en décembre 2022 aux Etats-Unis. Les investisseurs sont confortés dans leur anticipation que la Réserve fédérale ralentira le rythme d’augmentation de ses taux en février

La courbe vertigineuse de l’inflation aux Etats-Unis s’aplanit lentement: les chiffres de décembre viennent confirmer un nouveau ralentissement, avec, pour la première fois depuis mai 2020, une légère baisse des prix sur un mois, renforçant l’optimisme des marchés. L’inflation CPI, mesure qui fait référence, est tombée à 6,5% en décembre 2022, par rapport à décembre 2021, selon les données publiées jeudi par le Ministère américain du travail.
Entre novembre 2021 et novembre 2022, la hausse des prix avait été de +7,1%. Ce ralentissement est conforme aux attentes des analystes, selon le consensus publié par MarketWatch. Si l’on compare les prix non pas sur un an, mais sur un mois seulement, la tendance est même à la baisse de 0,1%, pour la première fois depuis que le Covid-19 a mis l’économie américaine sous cloche, il y a près de trois ans. Ce ralentissement «va clairement dans la bonne direction» et permet de «donner de l’air aux consommateurs et aux familles», a estimé jeudi le président américain Joe Biden lors d’un point presse.
«Arrêter l’hémorragie»
Les chiffres dévoilés ce jeudi après-midi «correspondent exactement aux attentes, même si le marché espérait peut-être une inflation un peu plus basse que prévu, comme ce fut le cas lors des deux dernières publications», analyse Fabrizio Quirighetti, responsable des investissements chez le gérant d’actifs genevois Decalia.
Le taux annuel d’inflation recule, poursuit le spécialiste, «ce qui, conjugué aux chiffres de l’emploi du 6 janvier qui ont montré que les salaires augmentent moins vite que prévu et aux récentes déclarations du président de la Fed Jerome Powell, conforte le marché dans son anticipation que la Réserve fédérale relèvera son taux de 0,25% lors de sa prochaine réunion, début février.»
Lire encore: La Fed veut convaincre les marchés qu’ils ont tort
La Fed voudra maintenant évaluer les conséquences de sa politique monétaire plus restrictive sur l’économie réelle. «La priorité des priorités consistait à arrêter l’hémorragie inflationniste», résume Fabrizio Quirighetti. Le marché, qui a peu réagi à ces chiffres jeudi après-midi a le sentiment que ses grandes craintes – inflation, récession et crise énergétique – «sont écartées à court terme, mais l’année est encore longue et ces risques toujours latents, malheureusement», conclut le responsable des investissements basé à Genève.
Quelques minutes après la publication de ces chiffres, l’indice phare de la bourse de Paris, le CAC 40, a dépassé les 7000 points en séance jeudi, une première depuis le 17 février 2022. Mais à Wall Street le Dow Jones était lui en recul de 0,42% à 14h50 GMT (15h50 en Suisse).
Composants volatils
«C’est un nouveau petit pas dans la bonne direction», a commenté pour l’AFP Ryan Sweet, chef économiste pour les Etats-Unis chez Oxford Economics, «mais la baisse est attribuable avant tout aux composants les plus volatils de l’indice. La Fed ne peut pas trop s’appuyer dessus comme une source réelle de ralentissement de l’inflation.»
Selon le Ministère du travail, une baisse des prix à la pompe est en effet «le principal contributeur de cette baisse mensuelle», en venant «plus que compenser» la hausse des prix du logement et de l’alimentaire notamment.
Lire aussi: Des banques centrales face à des pertes abyssales
«La hausse des prix des dépenses essentielles rend l’inflation difficile à éviter et celle-ci reste un problème majeur pour la plupart des consommateurs», a commenté Neil Saunders, directeur général de GlobalData.
Les prix des voitures d’occasion et du transport aérien, particulièrement sensibles aux prix de l’énergie, se replient. Les voitures neuves connaissent également une baisse de 0,1% sur un mois, une première depuis janvier 2021.
«Prix des services inquiétants»
Mais «une chose plus inquiétante est la hausse des prix des services», avertit Ryan Sweet, d’Oxford Economics, «c’est une source d’inflation qui n’a pas encore connu de pic. Pour l’année à venir la véritable question est de savoir si la baisse des prix des biens viendra compenser la hausse des services sur le premier semestre.»
Néanmoins, il semble désormais loin le mois de juin, lorsque l’inflation atteignait son pic, son plus haut niveau depuis 1981, à 9,1% sur un an.