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La République islamique compte sur les investissements étrangers pour remettre à niveau et développer ses infrastructures

Alors que les dirigeants du monde entier sont réunis au Bourget pour tenter de trouver un accord visant à limiter le réchauffement climatique (un accord qui passe par le maintien de 80% des énergies fossiles dans les sols), les grands groupes pétroliers s’étaient donné rendez-vous à Téhéran. C’est dans la capitale iranienne en effet qu’ont été présentés ce week-end les contours du nouveau contrat type pétrolier et gazier proposé par le gouvernement iranien. Des contrats qui doivent permettre à la République islamique d’attirer des investisseurs étrangers qui lui font cruellement défaut depuis une dizaine d’années.
Lors de cette conférence internationale, à laquelle ont assisté 152 compagnies étrangères (dont Shell, Total, Eni ou encore Lukeoil), le ministre du Pétrole iranien Bijan Namdar Zanganeh a estimé que les investissements étrangers réalisés via ces nouveaux contrats, qui concerneront dans un premier temps 70 champs gaziers et pétroliers, pourraient atteindre 30 milliards de dollars. Au total, l’Iran compte attirer jusqu’à 100 milliards de dollars de l’étranger.
La présentation des nouveaux contrats, dont les premiers pourraient être signés en mars selon Téhéran, était attendue de longue date. D’un côté, l’Iran compte sur l’accord diplomatique conclu cet été avec les grandes puissances et la levée des sanctions – attendue pour début 2016 – pour faire revenir les majors du pétrole et remettre à niveau des infrastructures en relativement mauvais état. Le pays espère ainsi pouvoir porter sa capacité de production de pétrole à 5,7 millions de barils par jour d’ici à la fin de 2020. Contre 2,7 millions environ au mois d’octobre.
De l’autre, les sociétés étrangères espèrent pouvoir bénéficier de conditions avantageuses pour participer à la reconstruction des infrastructures d’un pays qui est le 2e producteur mondial de gaz et le 4e de pétrole. «Bien sûr que nous sommes intéressés de revenir en Iran si les sanctions sont levées et que les termes du contrat sont intéressants, a expliqué durant la conférence Stéphane Michel, directeur de Total pour le Moyen-Orient, selon des propos rapportés par Bloomberg. Nous y avons travaillé durant de longues années, si bien que nous connaissons déjà parfaitement certains champs pétrolifères.»
Selon les experts, l’ancien système de contrats iraniens – appelés «Buy-Back» – avait déjà conduit les sociétés étrangères à quitter le pays avant même le durcissement des sanctions internationales. Considéré comme trop risqué, celui-ci ne leur permettait de participer qu’à la seule phase de développement des champs pétroliers et gaziers. Les sociétés étrangères étaient ensuite rémunérées sur la base d’une commission fixée à l’avance, peu importe la production qui, elle, était laissée aux seules mains d’entreprises iraniennes.
Les nouveaux contrats IPC (Iran Petroleum Contracts), en revanche, permettront aux entreprises étrangères de participer à l’exploitation des champs en s’alliant avec un partenaire iranien au sein d’une entreprise commune. Sous réserve d’un certain transfert de technologies et du recours à un certain pourcentage d’employés et d’équipements iraniens, elles pourront être rémunérées en fonction de la production de chaque champ et même participer à la vente du pétrole. Par ailleurs, ces contrats auront une durée de vie de vingt ans, voire de vingt-cinq ans dans certains cas, contre un maximum de sept ans précédemment.
Le gouvernement iranien devrait encore préciser les termes des futurs contrats, qui pourront être négociés directement par chaque société intéressée, lors de deux conférences en début d’année prochaine. La première devrait avoir lieu à Téhéran en janvier et la seconde à Londres en février.