Nul ne s’aventure à dire à quel point la fête est finie. Les inquiétudes autour du nouveau variant sud-africain laissent en tout cas présager un ralentissement économique, pour les mois à venir. Mais en attendant de devoir constater les dégâts provoqués par cette énième vague, la Suisse s’est bien portée.

Entre septembre 2020 et septembre 2021, le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 4,1%, selon les données publiées vendredi par le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). Cette performance est supérieure à la majorité des prévisions des économistes, rappelle l’agence AWP. Les plus optimistes pronostiquaient +3,3%. Au seul troisième trimestre, la progression a atteint 1,7%. Soit presque autant que durant le précédent (+1,8%).

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On avait pris l’habitude de dire que les exportations de la chimie et de la pharma permettaient à l’économie suisse de tenir le choc. Cette fois-ci, c’est la reprise de la consommation privée (+2,7%), après les assouplissements progressifs du printemps, qui s’érige en pilier. Les grands gagnants sont surtout les domaines de l’hôtellerie et de la restauration. Après avoir été les principales victimes des fermetures et des restrictions de voyages, leur valeur ajoutée s’est envolée de 110% au troisième trimestre. C’est trois fois plus qu’au printemps, lorsque la vie sociale avait commencé à reprendre son cours.

Gare à la suite

Selon le «Monitoring Consumption Switzerland», outil élaboré en collaboration entre les universités de Lausanne (Unil), de Saint-Gall et le centre Enterprise 4 Society, les dépenses hebdomadaires (hors cash) dans les bars et les restaurants ont effectivement plafonné à 25 millions de francs jusqu’en avril, avant de décoller pour atteindre, depuis mai, plus de 100 millions par semaine. Y compris en ce mois de novembre, alors que la température a chuté et a vidé certaines terrasses.

Cette ruée dans les bistrots n’a toutefois pas suffi à relancer la dynamique de l’emploi dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), le nombre de places de travail a encore reculé de 3000 unités (-1,1%) au troisième trimestre. Du côté des loisirs et des spectacles, le rebond de la valeur ajoutée se monte à 25% durant l’été. Cette réorientation du porte-monnaie des Suisses vers les services s’est faite au détriment du commerce de détail, qui affiche un recul trimestriel de 3,9%.

Dans la foulée de la publication de ces chiffres, les analystes ont salué le dynamisme de la consommation et se sont étonnés du recul des investissements en biens d’équipement (-1,3%), probablement lié aux goulets d’étranglement.

Ils préviennent également que le quatrième trimestre ne sera pas à la hauteur des précédents. «Les effets de rattrapage ne seront pas répétés, et les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement vont persister, écrit Junius Karsten, chef économiste de J. Safra Sarasin. Même sans tenir compte des restrictions liées à la nouvelle vague de covid, il faut s’attendre à un ralentissement.» Mais il faudra en tenir compte, ajoute Credit Suisse: «Notre prévision pour le quatrième trimestre doit être revue à la baisse, à la lumière de la résurgence du virus.»

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