Tout peut encore basculer. Mais selon les dernières informations non officielles, la 9e Ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Bali est sur le point d’aboutir. Les 159 Etats membres de l’organisation basée à Genève s’apprêteraient à signer ce vendredi après-midi le premier accord multilatéral jamais réalisé depuis 1995.

Au terme d’un processus de longue haleine, jalonné de rebondissements, le «paquet de Bali» s’apprête à être scellé. Depuis le début du sommet mardi, les négociations butent sur des questions liées aux dossiers agricoles (volumes de subventions à l’aide alimentaire considérés comme illégaux) et la simplification des échanges (réformer de fond en comble les procédures douanières, pour fluidifier le transit de marchandises).

Deux puissances, chacune soutenues en coulisses par plusieurs autres Etats aux intérêts convergents, s’affrontent ici: l’Inde et les Etats-Unis. Le directeur général de l’OMC, Roberto Azevêdo, a reçu mercredi soir pour mandat de résoudre le différend. Il s’entretient depuis lors nuit et jour avec les différentes parties en conflit. Jeudi, la situation n’avait que très peu évolué. Le ministre indien du Commerce, Anand Sharma, s’est exprimé le matin même devant la presse, durcissant même sa position. Son homologue américain Michael Froman, lui, s’est jusqu’ici montré plus discret. Les deux hommes se sont, pour la première fois de la conférence, rencontrés en tête à tête dans la nuit de jeudi à vendredi. Entrevue qui semble avoir débouché sur une percée décisive. Le suspense est à son comble. Les délégations tournent comme des hélices dans le Centre de conventions, site névralgique des pourparlers situé dans l’enclave hôtelière chic de Nusa Dua.

L’avenir de l’OMC se joue en ce moment à Bali. Le processus à l’œuvre représente l’ultime étape susceptible de raviver la flamme du multilatéralisme, éteinte depuis cinq ans suite à l’enlisement du cycle de dérégulation de Doha lancé en 2001. A l’époque, ce ne sont autres que les mêmes acteurs – les Etats-Unis et l’Inde – qui avaient été pointés suite à l’échec des négociations. Leurs points de vue avaient, à l’époque aussi, buté sur le dossier agricole. Trois thèmes, de taille inégale, figurent au menu de cette Ministérielle de la dernière chance: la facilitation des échanges (cheval de bataille des pays industrialisés), l’agriculture (avec pour objet central la sécurité alimentaire, revendiquée par 46 pays en développement menés par l’Inde) et des fragments du volet développement du cycle entamé au Qatar. L’objectif à Bali est de ficeler un accord portant sur l’ensemble de ces éléments. Faute de quoi, tout l’édifice s’effondre.