Dans l'hôtel où SAir Group avait tenu sa conférence de presse au jour J-1 de son «grounding» de 2001, les directions de Swiss et de Lufthansa ont précisé leurs intentions au jour J + 1 de leur fusion.

Le coût d'intégration de Swiss dans Lufthansa s'élève à 101 millions d'euros, ce qui empêchera le bénéfice opérationnel de la compagnie allemande de croître en 2005 et provoque mercredi la chute de l'action.

Les actions de Swiss baissent également, juste en dessous du prix offert aux petits actionnaires, soit 8,96 francs. C'est Air Trust, la société spécialement créée à cet effet, qui lancera l'offre d'achat en mai sur 14% du capital. Wolfgang Mayrhuber, président de la direction de Lufthansa, n'apportera pas ses titres dans le cadre de cette opération. Il détient en effet 50 actions Swiss, reçues pour avoir tenu une conférence en Suisse en 2003. Il les échangera contre une «option d'outperformance», l'instrument que reçoivent les grands actionnaires.

Dans une seconde étape, sans doute au troisième trimestre, la participation sera portée à 49%, après l'accord des autorités cartellaires, «qui ne devrait pas engendrer d'importants ajustements», selon Wolfgang Mayrhuber. A cet instant, Peter Bouw démissionnera de la présidence du conseil d'administration de Swiss. L'organe sera donc progressivement réduit de 9 à 5 membres, dont trois de la fondation qui représentera les intérêts helvétiques. Les autorités allemandes seront majoritaires au conseil d'administration uniquement lors de la dernière phase, lors de la reprise complète au sein du groupe allemand.

Le rachat de KLM par Air France ne reprend nullement le modèle utilisé pour l'alliance germano-suisse, selon Wolfgang Mayrhuber. La situation initiale est différente, dans la mesure où «le positionnement des deux marques, synonymes de qualité, est très proche». L'exécution de l'opération sera également différente, plus rapide aux yeux du client, assure-t-on. C'est ce dernier qui bénéficiera des changements, à travers les horaires, l'accès aux lounges, le programme de fidélisation.

A travers son entrée dans Star Alliance, Swiss améliore son réseau de partenaires, mais le groupe suisse ne compte pas mettre un terme à son alliance avec American Airlines. Sur le plan du management, Christoph Franz, président de la direction, signale son intention de conserver ses fonctions: «Je me plais bien en Suisse», déclare-t-il, et «le défi que constitue le retournement de la compagnie n'est de loin pas achevé.» Le rachat ne change rien aux mesures annoncées, poursuit-il. Il refuse d'imaginer des scénarios alternatifs. «La restructuration ne peut être «outsourcée» à Lufthansa», renchérit Wolgang Mayrhuber. Lequel applaudit les progrès accomplis ces derniers mois. Swiss avance à grandes enjambées vers le retour aux bénéfices promis pour 2006. «Nous n'investissons pas pour souffrir, mais pour croître ensemble», explique le patron de Lufthansa, qui se dit prêt à financer sa croissance si elle atteint ses objectifs.

Discrétion sur les synergies

Toutefois le management ne tient pas à détailler les 250 millions de francs de synergies attendues d'ici à 2007 sur les recettes et les dépenses. Un groupe de travail sera chargé de mettre en évidence les économies possibles.