Publicité

Lufthansa taille dans le vif des emplois administratifs

En pleine restructuration, le premier groupe aérien européen Lufthansa supprime 3500 emplois dans le domaine administratif. La mesure la plus grave jamais annoncée par le groupe

Le premier groupe aérien européen, l’allemand Lufthansa, a annoncé jeudi la suppression de 3500 emplois dans ses services administratifs dans les années à venir, une coupe sans précédent dans son histoire, mesure phare d’un plan d’économies draconien.

Ces coupes de personnel devraient réduire de 25% ses coûts administratifs, a-t-il expliqué, promettant d’employer «en priorité des mesures socialement acceptables».

Mais «à l’heure actuelle nous ne pouvons pas exclure en principe des licenciements secs et des fermetures de sites», a glissé son patron, Christoph Franz, lors d’une conférence de presse téléphonique.

Les suppressions de postes toucheront avant tout l’Allemagne, avec 2500 emplois administratifs condamnés, a-t-il précisé.

Au total, le groupe emploie 16’800 salariés dans ses services administratifs dans le monde, dont 11’500 en Allemagne, a précisé le directeur financier Stephan Gemkow.

La mesure la plus spectaculaire

C’est la mesure la plus spectaculaire annoncée à ce jour par le groupe en mal de rentabilité dans le cadre de son nouveau plan d’économies, «Score», annoncé en début d’année pour améliorer son résultat opérationnel annuel d’au moins 1,5 milliard d’euros à partir de la fin de 2014, par rapport à 2011.

Environ un tiers des économies doit être réalisé par des baisses de coûts de personnel, selon Lufthansa.

«C’est seulement si nous restructurons maintenant les fonctions administratives et que nous avons recours à des suppressions d’emplois que nous pourrons conserver des emplois à long terme et en créer de nouveaux», a justifié Christoph Franz.

Son groupe traverse une passe difficile. Au premier trimestre, il a accusé une perte nette de 397 millions d’euros et une perte opérationnelle de 381 millions d’euros, selon des chiffres plus mauvais que prévu publiés mercredi soir et imputés notamment à la flambée des prix du carburant.

Pour l’année en cours, il vise toujours un bénéfice opérationnel d’environ 500 millions d’euros, mais a prévenu que des coûts de restructuration n’étaient pas compris dans cette prévision.

Le titre reste en suspens

Après ces annonces, l’action Lufthansa ne progressait que mollement, gagnant 0,31% à 9,94 euros à 10h00 GMT sur l’indice Dax de la bourse de Francfort, en hausse de 1,12% à la même heure.

Lufthansa a aussi divulgué jeudi d’autres mesures de son programme d’économies, comme le regroupement de ses activités d’achats, jusque-là séparées entre les différentes compagnies du groupe qui comprend aussi Swiss et Austrian Airlines, toutes deux dans le rouge aussi au premier trimestre.

Cette mesure devrait permettre au groupe d’économiser 200 millions d’euros dès cette année. Une collaboration renforcée entre Lufthansa et sa filiale allemande Germanwings devrait également permettre de réaliser des économies de moins de 100 millions d’euros dès cette année.

«Nous ferons des changements là où cela ne fera pas de différence pour le client», a insisté Christoph Franz, alors que le plan d’économies et l’intention de Lufthansa de supprimer sa luxueuse première classe sur certains vols soulèvent des inquiétudes en Allemagne sur sa qualité future.

«Lufthansa restera la compagnie aérienne avec le plus de sièges de première classe en Europe. Jamais dans son histoire Lufthansa n’a autant investi dans ses produits», s’est défendu Christoph Franz, qualifiant de «pure spéculation» son intention supposée par la presse de copier le modèle des compagnies «low-cost».

Tout le secteur aérien européen est affecté par l’augmentation des prix du carburant. Jeudi également, la compagnie aérienne scandinave SAS a annoncé avoir quasiment doublé ses pertes au premier trimestre et a décidé d’accélérer un grand plan de réduction des coûts. Quant à la petite compagnie «low-cost» danoise Cimber Sterling, elle s’est déclarée en faillite.