Peter Spuhler avait trente ans quand il a racheté Stadler Rail. Aujourd'hui, il est aussi membre du conseil d'administration de UBS et conseiller national UDC. Il s'est distingué de la position de son parti en défendant l'extension de la libre circulation des personnes aux pays de l'Est.
Le Temps: Construire des trains en Suisse, est-ce toujours rentable? Peter Spuhler:Bien sûr. Le défi consiste à apporter une valeur ajoutée technique. Les conditions-cadres de la Suisse sont avantageuses, notamment au niveau du droit du travail. Les apprentis sont d'un bon niveau. Le système fiscal est plus avantageux que chez des pays concurrents, même si l'écart diminue. En revanche, les coûts salariaux annexes sont problématiques. De manière générale, j'ai l'impression que la Suisse veut rester riche sans prendre de risques. Pour maintenir notre niveau, nous devons en prendre.
- Où voyez-vous les plus belles perspectives de croissance? - Nous nous concentrons sur les marchés d'Europe de l'Ouest et centrale, ainsi que les Etats-Unis. Nous comptons pénétrer les pays de l'ex-Yougoslavie. Le Maghreb sera aussi intéressant. Alger nous a commandé 64 «Flirt», ce qui pourrait attirer d'autres pays de la région.
- Dans quels domaines voulez-vous vous développer? - Les trams et les trains régionaux, pour lesquels nous avons reçu des commandes de Bâle, Bochum-Gelsenkirchen, Munich et Nuremberg. Nous voulons aussi développer les rames à deux étages. Nous avons investi des dizaines de millions de francs dans ce projet, mais n'avons jusqu'à présent fait aucune offre.
- Envisagez-vous des acquisitions? - Nous examinons constamment des opportunités mais n'avons pas de plans précis pour l'instant. Nous construisons des sites de production en Pologne et en Hongrie. La croissance doit découler d'une bonne stratégie, c'est notre priorité.
- Comptez-vous entrer en Bourse? - Cela reste une option stratégique. Pour l'instant, nous sommes toujours parvenus à financer notre croissance par nos propres moyens. Nous pourrions entrer en Bourse pour deux raisons: une grosse acquisition ou en cas de succession hors de ma famille. Dans ce cas, cela permettrait de rendre la société indépendante. Mais j'ai 47 ans, l'heure de la retraite n'a pas encore sonné.