On ne peut ni boire ni manger avec un masque. Ce qui apparaît comme une évidence sert à résumer ce qu’il se passe dans l’économie suisse. La restauration, et bien sûr aussi l’hôtellerie, ne se remet pas de la pandémie. Dans son étude publiée mercredi, l’institut zurichois KOF constate que tous les secteurs font état d’une amélioration de la situation. Le commerce de détail aurait même déjà retrouvé le niveau d’avant la crise.

Tout le monde respire donc, sauf les hôtels et les restaurants. La logique est implacable: on peut acheter un paddle avec un masque sur le visage, ou depuis chez soi sur internet. On peut prendre un train ou un bus avec un masque pour aller marcher en montagne. Et on peut faire ses courses, avec un masque, et inviter des proches à manger des grillades dans son jardin.

On peut bien sûr aller au restaurant ou dans un bar. Mais dans quelles conditions? Entre des vitres en plexiglas? A se demander si les hôtes d’à côté ne sont pas trop proches? En livrant ses données à l’entrée? Plaisir gâché.

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Cette semaine, les statistiques sont venues rappeler à quel point les hôtels et restaurants sont en souffrance. Et qu’ils ne voient pas de lumière au bout du tunnel. Que faire? Les Suisses sont gaiement retournés dans leurs bistrots préférés en mai. Une fois, deux fois, peut-être trois, mais pas plus. Le sursaut n’a pas duré. La nouvelle normalité, celle où l’on cherche des lieux de loisirs isolés des autres, s’est installée.

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L’Etat, lui, a déjà contribué à les aider, via l’assurance chômage, les crédits-relais et les baisses de loyer notamment. Réduire les coûts, c’est bien, mais en l’absence de rentrées d’argent frais, ces soutiens relèvent davantage de plans de survie que de plans de relance.

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Avec un automne et un hiver qui devraient prolonger, si ce n’est accentuer la peur latente d’une vraie deuxième vague, la solution reste à trouver. En plein été, ce triste constat d’impuissance démontre, y compris à ceux qui s’insurgeaient contre les files d’attente devant les McDonald’s ou les H&M fin avril, que le Covid-19 a bel et bien modifié nos habitudes de consommation. Quant à savoir s’il a épargné les bonnes…