Marchés et rumeurs repartent à l’assaut de l’euro
Monnaie unique
Nicolas Sarkozy aurait mis l’Allemagne au pied du mur, en menaçant de quitter la zone euro
La défiance vis-à-vis de la monnaie unique restait plus que jamais à l’ordre du jour vendredi, malgré le plan de stabilisation européen, et les propositions de la Commission européenne pour accroître sa surveillance budgétaire sur les Etats membres.
Face au dollar, l’euro a poursuivi sa dégringolade et plongé en dessous des niveaux de la fin 2008. Il se rapprochait vendredi soir de la barre de 1,23, contre 1,25 en matinée. Une journée noire également pour les bourses, en chute, preuve de la fébrilité ambiante à trois jours de la réunion des ministres des Finances de l’UE, les 17 et 18 mai à Bruxelles.
Aux voix de nombreux économistes mettant en doute la capacité de la zone euro à redresser la barre des déficits publics et de son surendettement chronique se sont ajoutées les rumeurs en provenance de Madrid sur l’état déplorable du couple franco-allemand, moteur de la monnaie unique. Selon El Pais, le premier ministre espagnol José Luis Zapatero aurait confié mercredi à des proches que Nicolas Sarkozy avait dû, lors du sommet du 7 mai, brandir la menace d’un retrait français de l’euro pour obtenir le ralliement d’Angela Merkel à un plan communautaire ambitieux.
Cette rumeur, aussitôt démentie, corrobore plusieurs récits de diplomates qui, à Bruxelles, avaient fait état d’une «vive altercation» entre l’hôte de l’Elysée et la chancelière allemande. Il avait fallu ensuite presque une nuit de négociation, dimanche 9 mai, pour que Berlin se rallie à une proposition franco-italienne d’un nouveau mécanisme européen de stabilisation, basé sur des garanties nationales, allant jusqu’à 750 milliards d’euros.
Une nouvelle téléconférence des grands argentiers du G7 a eu lieu vendredi avant le prochain G20 de Toronto lors duquel l’UE souhaite examiner une taxe sur les transactions financières. Car le temps presse pour les Vingt-Sept, toujours réticents à céder davantage de leur souveraineté budgétaire. Au point que l’ancien patron américain de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker, architecte du plan bancaire de l’administration Obama, a affiché hier son scepticisme: «De toute évidence, a-t-il déclaré, je pense que l’on peut dire que l’euro a échoué et est tombé dans un piège» du fait de l’absence de politique budgétaire commune.