Beaucoup de sociétés hésitent à franchir ce pas, Straumann l’a fait. La société bâloise va payer les salaires de ses employés frontaliers en euros. Dans un communiqué de presse publié mardi, le groupe coté à Zurich se qualifie comme «l’une des sociétés suisses les plus touchées» par l’abolition du taux plancher. 95% du chiffre d’affaires du fabricant d’implants dentaires bâlois est réalisé hors de Suisse. Et 40% l’est en euros.

«Nous demandons à nos employés frontaliers de recevoir leurs salaires futurs en euros», explique Straumann dans son communiqué. Le versement de ces rémunérations se fera via un taux fixe qui «permettra d’équilibrer leurs intérêts avec ceux de la société», précise le groupe. Ces «mesures de précaution» pourront être révisées en cas d’amélioration «substantielle» du contexte monétaire.

«En l’espace d’une nuit, nous nous sommes retrouvés dans la situation de 2012 en termes de revenus et de profits. […] Pour maintenir notre niveau d’emploi et protéger notre compétitivité», la société doit prendre ces mesures, justifie le patron Marco Gadola, cité dans le communiqué.

Bonus du patron amputé de 35%

Les frontaliers ne seront pas les seuls à subir ces «mesures immédiates». Les autres employés suisses devront renoncer à une partie de leurs bonus 2015 (5%). Les patrons passeront également à la caisse: le bonus du directeur général sera réduit de 35% et ceux du comité de direction seront amputés de 28%.

Autres mesures, déjà prises il y a deux semaines: le gel des embauches et des restrictions de voyages.

Straumann estime que le franc fort aura sur le chiffre d’affaires un impact négatif de 75 millions de francs. Sur l’EBIT, l’impact devrait être de 40 millions de francs.

«Fondamentalement, poursuit Marco Gadola, nous sommes en forme et je suis heureux de pouvoir réagir rapidement, sur la base d’un nombre important d’analyses, d’évaluation et de discussions au cours des deux dernières semaines».

Idem dans le Jura

Par ailleurs, les employés de l’entreprise R. Bourgeois à Courgenay (JU) ont accepté une baisse de 10% de leur salaire afin de lutter contre le franc fort. Cette mesure ne touche que les frontaliers. Le directeur verra aussi son salaire diminuer dans la même proportion.

«C’est un bon compromis», a expliqué mardi à l’ATS Michel Rotunno, le directeur de cette usine qui fabrique des tôles magnétiques. Ces mesures salariales permettent de boucler le budget avec un euro à 1,10 franc, a-t-il souligné, revenant sur une information parue dans le Quotidien jurassien. L’usine ajoulote, qui compte 21 employés, dont 17 frontaliers, appartient au groupe français R. Bourgeois SA à Besançon.

Licenciements au Locle

Du côté du Locle, Cloos Electronic veut à son tour diminuer les salaires et augmenter les horaires de ses collaborateurs à la suite du renchérissement du franc. L’entreprise neuchâteloise active dans l’électronique industrielle va prochainement licencier ses 55 employés pour les réembaucher avec de nouveaux contrats.

Une consultation est prévue avec le personnel. La direction vise une réduction des coûts salariaux d’environ 10%, qui pourrait par exemple se traduire par une baisse des rémunérations de 5% accompagnée d’une hausse du temps de travail de 5%. Le directeur Robert Klossek a confirmé mardi à l’ATS l’information parue dans L’Express/L’Impartial.