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Millésime 2004 fort en créativité et regain d'optimisme dans la haute horlogerie

Les seize exposants du SIHH à Genève réalisent des affaires encourageantes, confirmant la tendance observée au salon de Bâle. Notamment grâce à une plus grande innovation et aux clients asiatiques et russes

«Les sourires des patrons horlogers sont plus crédibles cette année que l'an dernier.» Cette remarque d'un acheteur présent au Salon international de la haute horlogerie (SIHH) résume parfaitement l'ambiance qui règne depuis hier dans les couloirs de la manifestation genevoise. Si l'on ne peut pas parler d'euphorie, il paraît évident que les premiers résultats sont encourageants pour la plupart de seize marques présentes. Le fait que le Salon de Genève regroupe pour l'essentiel des marques actives dans le haut de gamme, un secteur à l'évidence moins touché que les gammes inférieures, explique cet optimisme mesuré.

Pour Franco Cologni, directeur exécutif de Cartier et conseiller de Johann Rupert, propriétaire du groupe Richemont, ces premiers résultats encourageants sont aussi le fait d'un travail plus convaincant des marques qui, confrontées au recul enregistré l'an dernier, ont été contraintes de faire preuve de plus d'innovation. Cette analyse a trouvé sa concrétisation cette année, tant à Bâle qu'à Genève, puisque tous les observateurs reconnaissent d'ores et déjà le millésime 2004 meilleur que le précédent en termes de créativité.

Les premières tendances enregistrées au SIHH marquent un rebond évident du continent asiatique. Les acheteurs, effectivement venus en nombre, passent des commandes marquées au sceau de l'optimisme régnant à nouveau sur ces marchés. Les Etats-Unis, première destination d'exportation de l'horlogerie suisse, continuent à progresser. Pour l'horlogerie haut de gamme, le potentiel de croissance que représente cette région du monde reste important, dès lors notamment que les Américains fortunés sont toujours davantage amateurs – donc acheteurs – d'horlogerie compliquée.

L'exception britannique

Le bémol vient à coup sûr de l'Europe, quand bien même l'Angleterre semble faire figure d'exception. Mais tant l'Italie – marché important sur le front des tendances – que l'Allemagne, et avec elle toute l'Europe du Nord, sont toujours au point mort. La Suisse, pays dans lequel le 45% des ventes demeure le fait des étrangers, continue à être mitigée. Tout au plus annonce-t-on quelques frémissements ici ou là. Le Zurichois René Beyer, l'un des plus importants détaillants du pays, confirme avoir réalisé quelques excellentes ventes ces derniers jours dans son magasin de la Bahnhofstrasse, dues essentiellement au flot de touristes passionnés et collectionneurs accourus en Suisse à l'occasion des salons horlogers.

Parmi ces touristes, la clientèle russe aura sans doute été l'une des plus choyée durant ces rendez-vous horlogers. Les pièces exceptionnelles, parfois extravagantes, sont achetées en nombre par les Russes. Des pièces dont le prix dépasse parfois largement la centaine de milliers de francs – et dont la complexité restreint naturellement la production à quelques dizaines d'unités par an – mais qui trouvent toujours rapidement preneurs.

Si les onze marques du groupe Richemont sont désespérément muettes sur leurs résultats, on apprend cependant que Panerai et IWC sont celles qui ont le plus progressé au cours du dernier exercice clos à fin mars. Cartier, le géant du groupe, aurait enrayé sa chute. Le discours est plus précis chez Audemars Piguet: présidente du conseil d'administration de la manufacture du Brassus, Jasmine Audemars se félicite en premier lieu de l'indépendance de la marque et exprime clairement son intention de le rester. Poussée par le vent des voiles d'Alinghi dont elle est l'un des sponsors, Audemars Piguet a dépassé l'an dernier les 200 millions de francs de chiffre d'affaires (contre 184 millions en 2002) en vendant plus de 18 000 montres. Parmi celles-ci, toujours davantage de montres dames, souvent serties de pierres précieuses, qui confirment que la technique horlogère se conjugue désormais aussi au féminin. Cet accroissement sensible des montres femmes dans les collections des grandes manufactures trouve cette année une concrétisation évidente chez Girard-Perregaux, une marque de prestige présentant jusqu'ici un profil très masculin. Enfin, la tendance des montres de grande taille, dont on prédit le recul depuis bientôt trois ans, se confirme.