Au S du scénario se rattache le O de l'objectif de prix. Mais hélas, un manque d'humilité ou des contraintes «marketing» conduisent parfois à omettre le troisième volet crucial du triptyque: le S du «stop loss». Or s'il est formulé ex ante, il permet à l'analyste de revoir sa copie sans être submergé par l'émotion d'avoir choisi le scénario qui ne se réalise pas comme prévu.
Examinons l'évolution graphique hebdomadaire de l'index américain VIX du CBOE, représentant des prix de la volatilité implicite d'options sur l'index des actions S & P aux Etats-Unis. Certains considèrent ce VIX comme le salaire de la peur. En effet, de fortes valeurs au-dessus de 35% de la VIX ont été enregistrées lors des baisses sévères du marché de l'index S & P en septembre 2001, en juillet et octobre 2002, en mars 2003. Un VIX élevé reflète un sentiment très baissier sur les marchés des actions. A contrario, des valeurs faibles en dessous de 25% ont été associées depuis juin 2003 à des marchés des actions en hausse ou stables. Parfois, des valeurs très basses approchant la bande de Bollinger inférieure, par exemple vers la fin de décembre 2004, peuvent avertir qu'il existe collectivement une trop grande insouciance des risques potentiels de baisse.
Notre scénario décèle un trend baissier de la VIX depuis plus de deux ans, représenté par la direction de la moyenne mobile descendante de 21 semaines. Après une stabilisation horizontale entre mars et août 2004 de cette moyenne et de ses bandes de Bollinger vers 13,3 et 19,3%, la moyenne de la VIX est repartie en septembre à la baisse, perçant le plancher de 13,3%. Un objectif maximum de baisse vers 7,3% pouvait alors être envisagé. Un «stop loss» aurait pu être placé au haut précèdent de la VIX vers 20%. Quand la VIX baisse, la ligne descendante de plafond (en rouge) joignant ses points hauts précédents peut représenter un niveau d'ajustement dynamique du «stop loss». Celui ci serait actuellement vers 14%. Pour mémoire, les deux lignes horizontales à 10,6 et à 9% en bas du graphe sont des niveaux bas de la VIX qui n'ont pas été vus depuis 1993. Finalement, la figure à la baisse en forme de biseau (lignes rouge et verte) qui encadre cet index depuis un an permet d'envisager que ces niveaux planchers puissent être atteints vers le milieu de 2005.
Par contre, si la VIX, qui est à 11%, venait à brusquement remonter au-dessus de la ligne supérieure du biseau, alors le scénario baissier serait remis en question. En analyse technique, la cassure d'un biseau aboutit empiriquement à un retour des prix au début de la figure, soit vers les 20%. Dans ce cas, l'indicateur hebdomadaire stochastique repartirait à la hausse en présentant rapidement un signal haussier important. Un bon SOS sur la VIX devrait contribuer à une gestion des risques maîtrisée et disciplinée pour éviter certains naufrages.