Multiple championne de la compétitivité, la Suisse protège mal ses investisseurs
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Parmi les autres points faibles identifiés par le WEF figurent les délais de lancement d’une entreprise, ou encore l’imposition totale des sociétés
C’est ce qui s’appelle un grand écart. Alors que la Suisse décroche son 5e trophée consécutif de l’économie la plus performante du monde, elle se classe 135e (sur 148 pays) en termes de protection de ses investisseurs. Un décalage que met en évidence le dernier indice mondial de la compétitivité publié ce mercredi à Genève par le World Economic Forum (WEF).
«Il est plus difficile en Suisse de contester les décisions des directions d’entreprises», illustre Thierry Geiger, économiste et coauteur du rapport 2013-2014. Même avec l’initiative Minder? «Comme son entrée en vigueur est prévue l’an prochain, ce facteur n’a pas été pris en compte dans notre étude, indique-t-il. Et je doute qu’il le soit jamais, vu les méthodes d’appréciation de la Banque mondiale, dont nous reprenons les résultats.»
L’analyse du WEF nous apprend aussi que la Suisse est numéro un mondial en termes de capacité à attirer les talents (en revanche, 3e pour les retenir), dans la formation de ses employés, dans la qualité de ses écoles de gestion et de son système d’éducation en général. Idem pour le caractère de ses infrastructures (rail, route et transport aérien confondus), ses synergies entre universités et industrie, sa capacité d’innovation – c’est d’ailleurs ce qui la distingue surtout de Singapour, deuxième du classement –, ainsi que les dépenses de ses entreprises dans la recherche et le développement, entre autres. La liste est longue.
Même si la Suisse n’est pas en tête partout, elle parvient souvent à se hisser dans le Top 10 ou 20 des nations les plus performantes dans différents domaines. Toutefois, le rapport suggère qu’il est encore possible pour elle de s’améliorer. Notamment «en promouvant mieux l’entrepreneuriat, la culture du risque», commente Thierry Geiger. La Suisse est classée 78e, ex æquo avec la Bulgarie et la Barbade en termes de délai pour démarrer une affaire (en moyenne, 18 jours et 6 procédures, soit sept fois plus qu’en Australie). Elle est aussi 37e en termes fiscaux totaux (impôts sur le bénéfice, charges sociales, etc.), derrière la France, 25e. «La flexibilité de la loi suisse sur le travail compense, pour l’heure, ces autres coûts», conclut Thierry Geiger.