Des négociants suisses sanctionnés par les Etats-Unis pour avoir vendu du brut vénézuélien
Pétrole
AbonnéUn groupe genevois et un résident luganais sont dans le collimateur de Washington. Le Venezuela est sous embargo américain, car son régime serait corrompu

Une entreprise de négoce genevoise, son patron et un résident tessinois ont été épinglés cette semaine par les Etats-Unis pour avoir violé un embargo américain au Venezuela, a annoncé Washington. Le groupe Swissoil Trading, son administrateur Philipp Apikian et un Italien habitant à Lugano, Alessandro Bazzoni, figurent parmi les cinq «acteurs principaux» d’une liste de 23 personnalités, entreprises ou autres bateaux sanctionnés mardi par le Département du Trésor américain (OFAC). Ceux qui figurent sur la liste se voient interdits de faire affaire avec des entreprises aux Etats-Unis.
Washington estime qu’ils ont aidé la compagnie d’Etat vénézuélienne PDVSA à vendre son brut, surtout en Asie, malgré son embargo contre la nation sud-américaine. Swissoil Trading aurait agi en tant que destinataire, ou entité financièrement responsable de la réception d’une cargaison de pétrole, notamment pour les expéditions de brut négociées par une entreprise maltaise, Elemento. Le groupe suisse aurait aidé matériellement, parrainé ou fourni un soutien financier à PDVSA, estime l’OFAC. Alessandro Bazzoni aurait de son côté coordonné des programmes visant à négocier la revente de brut de PDVSA et à affréter des pétroliers pour le Venezuela.
Précédents à Genève
Les Etats-Unis ont imposé des sanctions à PDVSA en limitant ses ventes de pétrole en 2019, privant la firme vénézuélienne de tout contact avec son principal client, les Etats-Unis. Cette mesure a été suivie l’an dernier par des mesures contre des unités du principal partenaire commercial de PDVSA, le russe Rosneft. En février 2020, sa filiale genevoise, Rosneft Trading, avait ainsi fait l’objet de sanctions américaines dans ce cadre.
En 2015, la banque française BNP Paribas avait écopé d’une amende de 8,9 milliards de dollars par la justice américaine parce qu’elle avait, largement depuis Genève, contourné des années durant des embargos imposés par les Etats-Unis à Cuba, à l’Iran, au Soudan ou à la Libye.
Lire aussi: A Genève, Rosneft joue avec les sanctions américaines
Un avocat de Swissoil Trading contacté par Bloomberg indique que son client «ne commercialise pas et n’a pas commercialisé de pétrole brut du Venezuela». Le groupe genevois a vendu pour au moins 11,3 millions de barils vénézuéliens à la Chine l’an dernier, sous couvert d’autres noms, indique néanmoins l’agence anglo-saxonne.
Le Ministère des affaires étrangères du Venezuela a qualifié ces nouveaux ajouts sur la liste des sanctions américaines d’«agression désespérée contre le peuple vénézuélien par le gouvernement sortant de Donald Trump».
Washington cible le gouvernement de Nicolas Maduro, qu’elle estime corrompu. Ses sanctions visent à empêcher son régime de profiter des opérations pétrolières, de l’exploitation minière et d’autres transactions qui faciliteraient des activités jugées criminelles.
Exportations en baisse
Elles n’empêchent pas des millions de barils vénézuéliens de régulièrement être exportés en Chine par le biais de tactiques multiples visant à cacher l’origine du brut. Les Etats-Unis ne peuvent empêcher des entreprises de commercialiser du brut vénézuélien, mais ils peuvent leur couper tout rapport avec des groupes américains.
Le Venezuela détient les principales réserves de pétrole du monde mais ses installations, vieillissantes, ne permettent pas forcément de bien les exploiter. En 2020, ce pays a exporté en moyenne 626 534 barils de pétrole par jour (-37,5% sur un an), le niveau le plus bas depuis 77 ans, selon l’organisation Refinitiv Eikon.