Plusieurs fabricants de lait maternisé, dont Nestlé, sont dans le viseur de la Commission fédérale du commerce (FTC) américaine. Le gendarme de la concurrence veut savoir si ces entreprises «ont conclu des ententes ou des accords avec d’autres acteurs lors d’appels d’offres publics», rapporte le Wall Street Journal. Le journal se réfère à des documents publiés sur le site de l’agence. Il s’agit principalement de contrats signés dans le cadre du programme WIC pour les femmes, les nourrissons et les enfants.

Ce programme fournit du lait infantile et certains produits alimentaires nutritifs aux familles à faibles revenus. Son budget annuel, d’environ 6 milliards de dollars, est financé par le gouvernement fédéral. Mais ce sont les Etats qui gèrent le programme, notamment en sélectionnant un fournisseur exclusif de lait infantile en échange de rabais. Selon le Wall Street Journal, ces contrats peuvent être lucratifs pour les fabricants de lait en poudre car ils augmentent considérablement la part de marché de l’entreprise gagnante.

L’enquête de la FTC doit aussi déterminer si cette possible entente sur les prix a eu un impact sur les ventes de manière plus générale, en dehors du programme gouvernemental. Abbott, numéro un des préparations pour bébés aux Etats-Unis, a déclaré qu’elle coopérait à l’enquête. En février, les avocats de l’entreprise américaine ont affirmé dans un courriel adressé au gendarme de la concurrence qu’ils n’avaient connaissance d’aucune preuve suggérant «ne serait-ce qu’un soupçon de collusion ou de coordination».

Grave pénurie l'an dernier

Nestlé est également concernée. «Comme d’autres entreprises, nous avons reçu une demande d’enquête civile liée au processus d’appel d’offres de la part de la FTC et nous y avons répondu», a confirmé au Temps un porte-parole de la multinationale vaudoise, sans donner davantage de détails. De son côté, l’entreprise britannique Reckitt Benckiser, autre société à laquelle des contrats WIC sont fréquemment attribués, a déclaré au Wall Street Journal qu’elle ne pouvait pas faire de commentaires sur des enquêtes gouvernementales spécifiques.

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Les Etats-Unis ont connu l’an dernier une grave pénurie de lait infantile. Initialement causé par des problèmes d’approvisionnement et un manque de main-d’œuvre, le phénomène a été aggravé par la fermeture d’une usine d’Abbott dans le Michigan pour des raisons sanitaires. Quatre nourrissons sont tombés malades et deux d’entre eux sont décédés après avoir consommé du lait en poudre fabriqué sur ce site. Le Département de justice a ouvert une enquête.

Les nouveaux documents publiés par la FTC ne suggèrent cependant pas de lien entre la récente pénurie et l’enquête de l’agence, bien que celle-ci ait décrit le marché des préparations pour nourrissons comme étant très concentré. Quatre entreprises – Abbott, Reckitt, Nestlé et la firme américaine Perrigo – contrôleraient 90% du secteur.