Le président de la Confédération, entouré de 250 personnalités du monde économique et politique, était entre amis. «Ma chère famille Nestlé», a-t-il affirmé au début de son discours, avant de vanter la «mission» de l’entreprise «qui la pousse constamment à investir dans la recherche et développer nos connaissances sur le lien très étroit entre notre nourriture et notre bien-être».
Il faut un peu chercher, lever la tête vers des poutres métalliques et s’attarder sur des portions de murs en briques serrées pour trouver des traces de la boulangerie où Henri Nestlé a fabriqué, en 1866, sa farine lactée. Ce fut le premier produit d’une société qui, par fusions et acquisitions, notamment de chocolat, de cubes de bouillons, ou de glaces, deviendra un leader mondial de l’alimentation.
Les concepteurs de Nest détestent le terme de musée pour décrire le réaménagement de manière ludique et informative, pour 50 millions de francs, de l’endroit où la société a fait son nid. «Ce n’est ni un musée, ni un show, explique Catherine Saurais, directrice de Nest. C’est une fabrique de souvenirs, d’émotions, de connaissances et d’ouverture sur l’avenir».
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Le parcours, animé de tableaux, découpé en quatre étapes, dure deux heures et coûte 18 francs. Certains espaces ont été entièrement reconstitués, comme le laboratoire d’Henri Nestlé équipé par des trésors récupérés chez un pharmacien de Montreux.
150 ans, c’est long et court à la fois. Le visiteur passe de la première révolution industrielle, où la mortalité infantile planait sur les familles, aux découvertes modernes des bienfaits ou des méfaits des aliments sur la santé. Chacun peut ainsi s’amuser à simuler ce que tel ou tel produit Nestlé provoque dans son corps. Et mieux vaut choisir le produit Impact, qui stimule le système immunitaire, que la branche de chocolat KitKat.
Le parcours n’est pas un panégyrique de Nestlé. Certaines heures peu glorieuses de l’histoire du groupe, comme le travail forcé durant la seconde guerre mondiale, sont aussi évoquées, parfois discrètement placées dans des tiroirs à ouvrir. Un souci de transparence, qui n’a pas toujours été la qualité première du groupe Nestlé, apparaît.
«Nest exprime la vision que nous avons de notre société: une entreprise humaine, transparente, qui assume ses responsabilités», souligne Peter Brabeck, président du conseil d’administration de Nestlé.
«C’est là que tout a commencé, ajoute Paul Bulcke, patron du groupe. Henri Nestlé avait compris que la santé vient de la nutrition. Et c’est toujours vrai aujourd’hui».
Des boîtes remplies de farine lactée ont été conservées, mais le mélange ne pourrait plus être fabriqué aujourd’hui car la variété de blé de l’époque n’existe plus. Le visiteur peut par contre acheter une boîte en aluminium, «made in China», reproduisant le graphisme et le mode de préparation datant de 150 ans.