Innovation
Une coentreprise, SwissSign Group, développera la SwissID, qui devrait servir pour prouver son identité en ligne et, plus tard, pour signer un contrat, remplir sa déclaration d’impôt ou voter

L’identité numérique suisse devra être «gratuite, simple et surtout sûre», a promis Susanne Ruoff, directrice générale de La Poste, en présentant mardi à Zurich avec huit autres patrons de grandes entreprises suisses la solution SwissID, sur laquelle ils s’étaient tous mis d’accord la veille.
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La Poste et les CFF, qui ont déjà fondé une coentreprise en mai dernier pour développer un tel outil d'identification, SwissSign, se sont ainsi vus rejoints par Swisscom, UBS, Credit Suisse, la Mobilière, Raiffeisen, SIX Group et la Banque Cantonale de Zurich. Ensemble, ils comptent 6 millions de clients au total, soit les trois quarts des habitants du pays, à qui ils comptent proposer cette nouvelle e-ID. Les neuf patrons ont donc signé un protocole d’entente pour créer une coentreprise qui prendra en charge la création de cette identité: SwissSign Group intégrera à partir de janvier prochain les activités de l’actuelle SwissSign et poursuivra le développement de la solution SwissID.
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L’idée? Proposer une identification numérique unique pour remplacer la multitude d’identifiants que les internautes doivent utiliser jusqu’à en oublier leurs mots de passe. Dans les faits, elle fonctionne déjà pour les clients de La Poste, mais elle sera agrémentée d’autres fonctions, comme l’identification à double facteur (en recevant par exemple un SMS après avoir mis un mot de passe) d’ici à la fin de l’année. Puis, dans le courant de l’année prochaine, suivront la vérification de l’identité, la signature certifiée et le transfert des données personnelles vers un fournisseur d’identité. Il est prévu que le tout soit certifié et reconnu par l’Etat en 2019 ou 2020.
Voter et signer
Cette initiative répond au Conseil fédéral, qui a présenté la semaine dernière son concept d’identification électronique certifiée par l’Etat. Un outil qui ne doit pas servir à voyager, comme une carte d’identité physique, mais qui pourra contenir des données personnelles comme le nom, l’âge, le sexe, sur un support tel qu’un téléphone portable, une clé USB ou une carte bancaire.
Dans l’exemple proposé par Markus Naef, directeur général de SwissSign, qui sera reconduit dans la nouvelle coentreprise, une certaine Lisa peut à la fois s’enregistrer pour lire des articles du Blick, prouver qu’elle a plus de 18 ans et commander du vin en ligne chez Coop ou un jeu vidéo interdit aux mineurs et, finalement, signer sa déclaration d’impôt sur Internet. A terme, a ajouté Markus Naef, il devrait aussi être possible de voter en ligne grâce à la SwissID et de l’utiliser pour des données sur la santé.
Maîtrise des données
Point central, «l’utilisateur conserve en permanence la maîtrise de ses données», ont souligné les responsables. Les données resteront en Suisse, les utilisateurs sauront qui les détient et pourquoi, ont-ils ajouté. Ils se défendent de vouloir en faire une utilisation commerciale, en réponse aux inquiétudes et critiques qui ont surgi ces derniers jours, devant le partage des tâches entre l’Etat qui se contente de vérifier les identités et la qualité des prestataires, qui seront des entreprises privées. En outre, SwissSign veut respecter les «normes de sécurité éprouvées les plus strictes».
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Les responsables n’ont pas voulu dévoiler la taille exacte de l’investissement consenti, qui se chiffre en millions de francs. La SwissID devant être gratuite, elle se base sur un «modèle de rémunération appelé à être alimenté en premier lieu par les fournisseurs de services en ligne», explique le communiqué, sans donner d’exemples, si ce n’est, plus loin, que «la Confédération, les cantons et les communes sont d’importants fournisseurs de prestations qui incitent à utiliser l’identité numérique».