Cette fois, le suspense touche à sa fin. D’après plusieurs médias locaux, le nouveau président du fonds souverain chinois, China Investment Corp (CIC), aurait été nommé. Le nom de Ding Xuedong, un ancien vice-ministre des Finances de 53 ans, aurait déjà été annoncé à certaines équipes du CIC dans la journée de vendredi.

Depuis que Lou Jiwei, l’ancien numéro un du CIC, avait pris, en mars, la tête du ministère des Finances chinois, le poste était vacant. Et même si, d’après un financier à Pékin, «les équipes travaillaient normalement», la situation commençait à devenir intrigante: tous les autres postes importants de la superstructure financière chinoise avaient été pourvus. Compte tenu de l’opacité du système chinois, cette latence avait fait l’objet d’interprétations diverses. Certains médias avaient même avancé l’hypothèse que peu de candidats se présentaient pour diriger une institution connue pour avoir perdu de l’argent à ses débuts. Elle avait en effet investi massivement dans les valeurs financières américaines en 2007, juste avant l’effondrement de 2008 consécutif à la faillite de la banque Lehman Brothers.

Le scénario d’une bataille politique

Ce scénario est en réalité bien peu crédible. «Le péché originel de CIC était tout à fait naturel vu la période», relativise une autre source à Pékin qui insiste plutôt sur l’extrême professionnalisme des équipes du fonds, et sur les résultats financiers beaucoup plus satisfaisants du CIC ces dernières années. Plutôt que la frilosité des candidats, c’est donc le scénario d’une bataille politique qui semble le plus crédible.

Depuis sa naissance, le CIC fait les frais des rivalités entre la banque centrale et le ministère des Finances. Preuve de la complexité du processus de nomination, le nouveau patron du fonds ne correspond à aucun des noms qui circulaient jusqu’à présent. Certains candidats avaient pourtant un profil plus solide que Ding Xuedong, dont le parcours l’a plus exposé aux questions agricoles chinoises qu’aux marchés de capitaux internationaux. Mais ils n’étaient probablement pas assez consensuels.

Un parcours chinois obligatoire

En témoigne en particulier le refus de confier le poste à Gao Xiqing, le numéro deux du fonds, dont les compétences ne sont plus à démontrer. Mais qui, à en croire le South China Morning Post, généralement très bien informé, aurait fait les frais de ses études à l’étranger effectuées en dehors du cadre proposé par le PC chinois. Une règle non écrite interdirait l’accès aux postes de niveau ministériel à tout individu ayant étudié à l’étranger sans passer par un programme officiel approuvé par Pékin. Gao, connu pour ses positions réformatrices, a finalement été écarté. En Chine, préserver la stabilité du système reste donc, semble-t-il, une meilleure clef du succès que de briller par ses compétences.

Le fonds souverain chinois s’est montré particulièrement actif ces derniers temps en Europe, en prenant notamment des participations de 10% dans l’aéroport londonien d’Heathrow et de 8,68% dans Thames Water.