Les marchés n’aiment pas les incertitudes, et c’est justement ce qui s’est produit la nuit passée en Italie. Suite au rejet des réformes constitutionnelles par référendum dimanche, et à la démission du chef de gouvernement, Matteo Renzi, l’Italie, la troisième économie de l’Union européenne, et la zone euro dans son ensemble sont plongées dans l’incertitude. Résultat: les places financières en Asie qui sont ouvertes depuis plusieurs heures ont dévissé de plusieurs points.

Ce lundi matin, les bourses de Shanghai et de Schenzen reculaient de presque 2%. Mais c’est surtout l’euro qui a plongé et retrouvé son niveau le plus faible depuis vingt mois, à 1,04 dollar.

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Les yeux sont désormais braqués sur les places financières européennes. Leur évolution dépendra beaucoup des messages qui viendraient de Rome sur la formation d’un nouveau gouvernement. Si le passage de témoin se fait sans anicroches, l’Italie pourrait éviter de sombrer dans le chaos. Le principal parti d’opposition, le Mouvement 5 étoiles, réclame des élections législatives anticipées et éventuellement un vote sur l’appartenance de l’Italie à la famille européenne. La perspective d’un tel scénario plongerait le pays davantage dans l’incertitude.

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Créances pourries de 360 milliards d’euros

L’impact serait alors immédiatement ressenti au sein de l’économie du pays, à commencer dans le secteur bancaire. Environ huit banques se trouvent fortement fragilisées sous le poids des créances pourries – 360 milliards d’euros – et attendent la mise en œuvre des programmes de restructuration et de recapitalisation. A ce jour, le gouvernement italien a refusé le «bail-in», c’est-à-dire la participation des clients dans le sauvetage des banques. En préférant un «bail-out», c’est-à-dire l’apport de capitaux de l’extérieur.

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La longue campagne en vue du référendum de dimanche avait gelé tout avancée sur les réformes bancaires. Après l’incertitude post-référendum, la situation sera encore plus compliquée. Le cas le plus emblématique concerne Monte dei Paschi di Siena. Un plan de recapitalisation à hauteur de 5 milliards d’euros a été approuvé par le conseil d’administration, mais aucun bailleur de fonds n’y a avancé un seul kopeck à ce jour. Unicredit, la plus grande banque italienne, elle aurait également besoin de 7 milliards d’euros ces prochaines semaines.

Réunion cruciale de la BCE jeudi prochain

«Si le référendum est rejeté, ce ne sera pas la fin du monde», avait commenté Fabio Fois, économiste chez Barclays basé à Londres, interrogé avant le vote par «Bloomberg News». En effet, plusieurs économistes affirment que les banques italiennes sont certes dans un mauvais état, mais ajoutent que la zone euro serait capable de gérer la crise. Notamment grâce aux structures mises en place dans le cadre de l’Union bancaire.

Les regards sont aussi braqués sur la réunion des gouverneurs de la Banque centrale européenne, prévue jeudi prochain. Les spéculations vont bon train sur les mesures qui seraient annoncées afin de minimiser les conséquences de cette nouvelle crise italienne sur l’ensemble de la zone euro.