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Du nouveau dans la finance. Les investisseurs peuvent désormais acquérir des fonds indiciels sur obligations en Suisse

On connaissait les fonds indiciels basés sur des actions. Ces produits

On connaissait les fonds indiciels basés sur des actions. Ces produits appelés Exchange Traded Funds (ETF) rencontrent un succès certain en Europe. La croissance des avoirs investis dans ces instruments a atteint 57,2% sur les neuf premiers mois de 2003, à un total de 16,8 milliards de dollars d'avoirs investis, selon Morgan Stanley. Rappelons que les ETF sont des instruments calqués sur un indice d'actions qui confèrent à l'investisseur la liquidité propre aux actions, puisqu'ils sont aisément négociables, avec la diversification propre à un indice complet ou à un fonds de placement, tout en étant moins coûteux que ce dernier car ils ne facturent qu'une faible commission de gestion (0,35% par an pour un ETF sur l'indice SMI des grandes capitalisations suisses).

Capitalisant sur ce succès, le Credit Suisse Asset Management (CSAM) a lancé fin 2003 des ETF basés sur des obligations et cotés sur le marché suisse. Depuis le début de l'année, l'investisseur suisse peut acheter deux ETF basés sur les obligations de la Confédération, l'un pour des maturités de 3 à 7 ans, l'autre de 7 ans et plus. Les deux se calquent sur le Swiss Bond Index, l'indice des obligations calculé par la Bourse suisse, utilisé depuis janvier par Pictet & Cie comme référence pour ses indices LPP des placements du deuxième pilier.

ETF sur emprunts en euros

Presque simultanément, des ETF sur obligations ont été lancés sur la zone euro par Lyxor Asset Management, filiale du groupe français Société Générale. Ces «trackers» ou ETF sur emprunts d'Etat de la zone euro (EuroMTS Global Master Unit), se négocient depuis le mois dernier sur Euronext.

Si les avantages des ETF en actions sont connus, ceux des fonds indexés sur obligations étatiques sautent moins aux yeux. Les frais sont l'avantage le plus souvent cité par les spécialistes: alors qu'un fonds obligataire géré par un professionnel en Suisse facture entre 0,50% et 0,75% par an de frais de gestion, les ETF en obligations facturent trois ou quatre fois moins, soit 0,15%, et 0,165% pour les ETF sur les emprunts de la zone euro. Eric Vanraes, gérant de fonds obligataires à l'Union Bancaire Privée, voit les ETF sur obligations comme un très bon instrument de diversification: «A l'instar des marchés des actions, il est utile de pouvoir diversifier ses placements en obligations dans un instrument qui promet de réaliser au moins la performance de l'indice.» Pour Patrick Barbe, responsable de la gestion obligataire Europe chez BNP Paribas à Paris, c'est un moyen simple pour acheter un panier de maturités sans avoir à reconstituer tout un portefeuile. «Ces produits sont principalement intéressants pour répartir son risque entre plusieurs titres», selon le gérant parisien.

Parmi les avantages de l'ETF, on citera aussi la constance dans les durations, qui caractérise aussi les fonds obligataires. Tandis que l'investissement direct en obligations de la Confédération oblige l'investisseur à procéder à des arbitrages pour maintenir une duration constante, un ETF permet d'avoir toujours une duration constante. Par exemple, l'ETF sur obligations à 7 ans et plus comprend en permanence des obligations d'une durée résiduelle de 7 ans ou plus, alors qu'un investisseur engagé sur une obligation à dix ans doit procéder à un arbitrage à l'approche de l'échéance s'il souhaite bénéficier d'une durée plus longue.

Reste qu'un fonds obligataire conserve clairement l'avantage d'une gestion active, qui vise à battre l'indice: «Dans un fonds géré en obligations étatiques, c'est la faculté du gérant de pouvoir rallonger ou raccourcir la duration du fonds en fonction des événements macroéconomiques qui dégagera le surplus de performance par rapport à l'indice, ce que ne fera pas l'ETF», explique Eric Vanraes. Patrick Barbe note aussi que, avec un ETF, l'on pourra au plus «jouer les grands mouvements de courbes des taux en vendant par exemple les maturités longues au profit de maturités courtes». Cela offre des possibilités limitées pour parer au risque sur les taux d'intérêt, que permet une gestion active des durations. Le risque d'un ETF est de subir une remontée des taux d'intérêt sans pouvoir s'y soustraire en modifiant les durations adéquatement. Il faudra dans ce cas troquer l'instrument contre un ETF de moindre duration (ou sensibilité aux taux d'intérêt). «Avec un ETF, on ne pourra pas jouer finement les mouvements de courbes», ce que permet seulement la gestion active, constate Patrick Barbe.

Les ETF basés sur des obligations ont donc leur place dans un portefeuille obligataire dans la mesure où ils offrent un haut degré de diversification en une seule transaction au sein d'une catégorie d'échéances définie, et réduisent le risque. En Suisse, le sous-indice offrant une durée résiduelle de 3 à 7 ans comprend 4 obligations, et celui constitué de maturités longues (7 ans et plus) comprend 12 obligations.

La gestion active pour surperformer

«Pour la surperformance, l'investisseur a le choix de trouver des gérants compétents censés battre l'indice», ajoute Eric Vanraes. «Au final, conclut-il, le fonds obligataire et l'ETF sur obligations sont deux produits totalement différents mais complémentaires. Les choix et les paris du gérant, ou son positionnement sur la courbe des taux, vont lui permettre de se différencier, et l'ETF fera ressortir la plus-value du gérant sur la performance du fonds.»

Enfin, un ETF sur obligations constitue une alternative attrayante aux contrats à terme (futures) sur obligations. Ces derniers, qui peuvent être définis comme un engagement à acheter ou vendre à terme une obligation, s'achètent sous forme de coupures minimales de 100 000 francs ou euros, contre 100 francs ou euros l'unité d'ETF en francs ou en euros.