Un an après le début de la crise, le gouvernement britannique espère mettre un point final au sauvetage de ses banques. Il va présenter aujourd’hui un large plan de restructuration de ses principaux établissements nationalisés.

Celui-ci va mettre fin à de longs mois de négociations tendues entre les banques, le Trésor britannique et Bruxelles. Il va déboucher sur deux décisions principales: la vente de larges morceaux des banques nationalisées, sanction imposée par Bruxelles en échange de l’aide perçue par l’Etat; le versement supplémentaire d’environ 65 milliards de francs de Downing Street aux banques, en plus des 95 milliards déjà versés.

Pourquoi prendre une telle décision, alors que le pire de la crise semble être passé? D’une part, les deux principales banques nationalisées – Royal Bank of Scotland et Lloyds Banking Group – bénéficiaient d’une garantie implicite de leurs actifs toxiques (à hauteur de 1000 milliards de francs, presque la moitié du PIB britannique!), dont l’accord-cadre avait été signé il y a sept mois. Mais les détails de l’accord n’avaient jamais été finalisés et c’est ce qui va maintenant être annoncé.

Une bonne et une mauvaise banque

RBS devrait finalement utiliser cette garantie, qu’il paiera en laissant l’Etat augmenter sa participation de 70% à 84%. En revanche, Lloyds souhaite y échapper. Mais pour cela, le régulateur financier exige qu’elle augmente très fortement son capital. La banque devrait donc annoncer une énorme augmentation de capital, d’environ 22 milliards de francs.

Ces deux opérations vont coûter environ 50 milliards de francs à Downing Street: 42 milliards pour la garantie des actifs toxiques de RBS, et 8 milliards pour participer à l’augmentation de capital de Lloyds (l’Etat étant actionnaire à 43%). Enfin, Northern Rock, le premier établissement nationalisé, a annoncé la semaine dernière qu’il allait recevoir 13 milliards de francs supplémentaires, pour scinder son établissement entre une bonne et une mauvaise banque. Parallèlement à ce processus, Bruxelles exige de larges ventes d’actifs. Au total, près de 700 agences bancaires des trois établissements nationalisés devraient être mises sur le marché. Hier, RBS annonçait qu’elle allait être forcée de réaliser des cessions d’actifs «non envisagées initialement» et annonce la suppression de 3700 emplois. La vente de sa banque américaine, Citizens, serait une possibilité.

Même après ces annonces, la restructuration sera cependant loin d’être finie. Les ventes d’actifs prendront «trois à quatre ans», selon Alistair Darling, le chancelier de l’Echiquier. Au passage, cela créera trois nouvelles banques, venant des cessions de Northern Rock, Lloyds et RBS. Afin de renforcer la concurrence, les grandes banques (HSBC et Barclays) n’auront pas le droit de se porter acquéreur. Des banques étrangères pourraient être candidates. Richard Branson, qui possède Virgin Money, un fournisseur de services financiers, s’est également déclaré «intéressé» hier. Enfin, certains supermarchés, comme Tesco ou Sainsbury’s, qui fournissent déjà des assurances et des produits d’épargne, sont aussi des acheteurs potentiels.